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Laure Marivain tient un portrait de sa fille Emmy, en Loire-Atlantique, le 30 septembre 2024.

« C’est ajouter de la souffrance à la souffrance. » Laure Marivain, dont la fille Emmy est morte à 11 ans d’une leucémie après avoir été exposée in utero aux pesticides lorsqu’elle était fleuriste, est « profondément choquée et accablée » par la décision que vient de rendre la cour d’appel de Rennes. Dans un arrêt communiqué mercredi 4 décembre, le tribunal a débouté les parents d’Emmy de leur demande d’indemnisation des préjudices subis par leur fille.

« La cour ne peut que constater qu’aucune indemnisation n’est prévue pour la personne décédée, l’indemnisation ne visant qu’à compenser l’incidence des dommages corporels de l’enfant sur sa vie future », explique les magistrats dans leurs attendus que Le Monde a pu consulter. François Lafforgue, l’avocat de la famille Marivain, dénonce « une situation absurde et scandaleuse » : « On indemnise les enfants victimes de l’exposition professionnelle de leurs parents lorsqu’ils sont vivants, mais pas lorsqu’ils sont morts. »

Après une longue procédure, la famille Marivain avait réussi à faire reconnaître le décès d’Emmy par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). En juillet 2023, le FIVP a admis « le lien de causalité entre la pathologie [d’Emmy] et son exposition aux pesticides durant la période prénatale ». Une première pour une victime décédée.

« Le combat va continuer »

Une première, aussi, pour une professionnelle de la fleur. L’indemnisation proposée par le FIVP, en revanche, prend seulement en compte les préjudices subis par « les ayants droit », soit une somme forfaitaire de 25 000 euros pour chacun des parents de l’enfant. C’est cette indemnisation que Laure Marivain et son époux avaient contestée devant la cour d’appel de Rennes. « C’est comme si Emmy et sa famille n’avaient pas souffert pendant toutes ces années », commente François Lafforgue.

Lire aussi la chronique | Article réservé à nos abonnés « L’indemnisation des victimes de pesticides est bien trop modique pour remettre en cause l’économie du secteur »

Entre le diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique B, en janvier 2015, et sa mort, le 12 mars 2022, Emmy a connu une rémission complète et trois rechutes. Elle a passé quatre cent soixante-huit jours au service d’oncologie pédiatrique du CHU de Nantes, à enchaîner examens médicaux et interventions chirurgicales. Douleurs lombaires osseuses, sciatiques, céphalées, vomissements, séances de chimiothérapie épuisantes, perte de cheveux, perte de poids, isolement social, angoisse de mourir… Le calvaire de la fillette est retranscrit dans les rapports médicaux. Celui de la famille d’Emmy n’est consigné nulle part.

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