Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, mis en examen à Paris pour complicité d’activités criminelles, a quitté la France samedi 15 mars avec l’autorisation de la justice, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de trois sources proches du dossier.
Le juge d’instruction a accepté il y a plusieurs jours sa demande de modification de contrôle judiciaire et l’a autorisé à quitter la France pour « plusieurs semaines », selon l’une de ces sources. D’après un autre contact de l’AFP, M. Durov a quitté l’aéroport du Bourget, près de Paris, en fin de matinée pour Dubaï, aux Emirats arabes unis, où est basée son entreprise.
Ses avocats, des cabinets Kaminski et Darrois, n’étaient pas disponibles dans l’immédiat. Contactée, une porte-parole de Telegram basée à Washington a refusé de commenter cette information.
L’année 2024 a été marquée par le placement en garde à vue, puis la mise en examen à la fin d’août du patron de la plateforme de messagerie par deux juges français pour une litanie d’infractions relevant de la criminalité organisée, la justice lui reprochant globalement de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur la messagerie.
Pédocriminalité, stupéfiants, ventes d’armes
M. Durov avait été remis en liberté avec un lourd contrôle judiciaire, prévoyant notamment l’obligation de remettre un cautionnement de 5 millions d’euros et de pointer au commissariat deux fois par semaine, et l’interdiction de quitter le territoire français. L’affaire avait fait grand bruit, Moscou mettant en garde contre « toute persécution politique ».
En décembre 2024, le milliardaire de 40 ans, qui possède plusieurs nationalités (française, russe et émiratie, notamment), avait reconnu devant les juges d’instruction avoir « pris connaissance en garde à vue de la gravité des faits » reprochés à sa plateforme et promis d’« améliorer » sa modération.
Les juges avaient alors détaillé une quinzaine de groupes spécialisés dans la pédocriminalité, les stupéfiants, les escroqueries, les ventes d’armes, le recours à des sicaires, ayant parfois pignon sur rue sur la plateforme. M. Durov avait dit ne pas avoir créé Telegram en 2013 avec son frère « pour les criminels », concédant toutefois que leur présence, « une fraction minime », « a aussi augmenté ».