« Pâture », d’Alexandre Lamborot, JC Lattès, « La grenade », 252 p., 20 €, numérique 15 €.
L’estomac bien accroché, l’œil dégivré, le cœur en place. Telles sont les conditions idéales pour entrer dans Pâture, le premier roman d’Alexandre Lamborot. On y pénètre en effet comme dans un conte de fées qui aurait mal tourné : une petite robe de bal blanche maculée de « crachats dans le dos et de jets d’Oasis Tropical » traîne au sol devant une salle d’eau où se trouve enfermée une fille en pleurs, recroquevillée sous la douche. Contre la porte plastifiée, sa mère frappe.
« Tambourinait comme une folle à la porte de la salle de bains, à la faire péter. » La phrase liminaire du livre, qui dégage son sujet au pied de biche, indique l’allure rageuse à laquelle ira la langue. L’héroïne, Célia, vit seule avec sa mère dans la ville fictive de « Lourmay-Bras-de-Seine », cité grise et « bas de ciel », bordée d’autoroutes et peuplée d’habitants en « arrêt longue maladie ». L’enfant, en bas âge lorsque son père quitte le foyer, pousse dans ce décor sinistre jusqu’à atteindre l’« âge du collège ». Studieuse, elle « ramèn[e] des TB écrits au feutre rouge sur ses contrôles de math » et soigne une apparence « bricolée ».
Il vous reste 66.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.