Deux mois après la fin de l’été olympique et paralympique, la justice a donné raison à un ancien salarié du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Cojop), qui contestait son licenciement. Par un arrêt du 31 octobre, la cour d’appel de Paris condamne l’organisateur des JO pour licenciement nul « en raison de la violation de la liberté d’expression » de Sébastien Chesbeuf, détaille Thomas Hollande, l’avocat du plaignant, dans un communiqué publié mercredi 6 novembre.
Ancien responsable des relations institutionnelles du Cojop, M. Chesbeuf avait été licencié pour faute le 5 février 2020, après avoir alerté un cadre du Comité international olympique (CIO) de dysfonctionnements présumés (problèmes de gouvernance, risques budgétaires, manque de transparence de la direction avec les pouvoirs publics) au sein de Paris 2024, alors que sa fonction imposait, selon le Comité d’organisation, un devoir de loyauté.
L’ancien cadre du Cojop avait alors saisi le conseil des prud’hommes de Paris pour faire reconnaître la nullité de son licenciement. La justice prud’homale avait condamné le Cojop en juillet 2021 pour licenciement « abusif » et « sans cause réelle et sérieuse », mais avait débouté Sébastien Chesbeuf de sa demande de licenciement nul.
Dommages réputationnels
Ce dernier avait alors décidé de faire appel pour faire reconnaître son statut de lanceur d’alerte. Dans son arrêt, la cour d’appel infirme le jugement prud’homal, reconnaît la liberté d’expression du salarié et reproche à Paris 2024 « d’avoir tenté de réduire au silence Sébastien Chesbeuf en le licenciant pour avoir rendu public ses alertes et en avoir directement fait part à un membre du CIO, Pierre-Olivier Beckers », fait valoir Me Hollande.
Coauteur, avec les journalistes Jean-François Laville et Thierry Vildary, de La Face cachée des JO (JC Lattès, 216 p, 20 euros), un ouvrage publié quelques semaines avant les Jeux olympiques et dans lequel il détaille ses alertes sur la gestion du Cojop, Sébastien Chesbeuf affirme avoir, depuis son licenciement, subi des dommages aussi bien professionnels que réputationnels.
« Paris 2024 ne fera pas de commentaire », a, de son côté, répondu au Monde, mercredi, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.