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La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 et la tenue d’épreuves de natation dans la Seine ont mis en avant le rôle crucial de la météo dans l’alchimie sportive. Ce facteur-clé parfois imprévisible dicte l’organisation des compétitions de plein air.

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Pierre-Emmanuel Gallerand est l’un des « M. Météo » de Paris 2024. Carrure de volleyeur en chemise blanche – tenue obligatoire de service –, il arrive tout sourire à la sortie du stade nautique de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). Il a commencé à 5 h 30, dimanche 28 juillet, dans une salle de sport transformée en petite tour de contrôle, au bord du bassin où se tiennent les épreuves d’aviron et de canoë-kayak en ligne. Face à une grande baie vitrée qui donne sur l’eau, il scrute, sur ses quatre écrans d’ordinateur, des petits indices qui font la différence.

A 7 heures, son premier bulletin de prévisions de la journée est affiché près des garages à bateaux, deux heures avant le début des épreuves d’aviron. Un facteur est attendu plus que les autres : le vent. Son sens peut donner lieu à des ajustements de dernière minute sur les bateaux. Sa force peut contraindre à ajuster les conditions de départ d’une course. Les organisateurs savent aussi qu’à plus de 70 km/h, les bateaux au repos posés sur des tréteaux menacent de s’envoler. « Et dans ce cas il faut envoyer des gars acheter en urgence des parpaings pour lester les supports. » Ce grand curieux a appris tout cela en discutant, au bord du bassin, avec les techniciens des équipes d’aviron. Son rôle à lui est de livrer le maximum d’informations – parfois en anglais – aux organisateurs, qui s’occupent de prendre la décision finale.

Sécuriser les épreuves

La météo est scrutée dans deux buts. D’abord, s’assurer de la bonne tenue des compétitions. Dans les jours qui viennent, alors que de fortes chaleurs s’annoncent, les prévisions de température ressentie seront étudiées pour s’assurer qu’elles ne nuiront pas aux sportifs. Le « comité d’équité » de l’épreuve, assis à côté de Pierre-Emmanuel, tranche, pour décider si elles permettent ou non aux sportifs de concourir dans de bonnes conditions.

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Les prévisionnistes météo aident aussi à sécuriser les épreuves. Les tombereaux de pluie tombés le week-end dernier ont trempé les pelouses sur lesquelles cheminent les spectateurs. Il faut alors penser à mettre des copeaux de bois à certains endroits pour éviter les embourbements. Les orages constituent le plus gros danger et le plus difficile à prévoir. Personne ne doit être sur l’eau si la foudre tombe. Or l’évacuation du bassin prend vingt minutes. « On a évalué qu’il fallait que l’organisation soit prévenue avant que l’orage arrive dans un rayon de 10 kilomètres », explique l’ingénieur météo. Les prévisionnistes gardent en continu un œil sur leurs écrans pour y veiller.

Au total, une vingtaine de salariés de Météo-France travaillent directement au contact des organisateurs des JO : au centre de commandement de Paris 2024, mais aussi au Trocadéro, à Roland-Garros et à Marseille. Un fonctionnement organisé depuis 2021, et rodé lors d’événements tests et de simulations de crises.

« C’est une fierté »

Après sa permanence, qui s’achève à 14 h 30, Pierre-Emmanuel Gallerand, qui est en temps normal basé à Lyon, où il est chef prévisionniste régional pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, « profite » en restant sur le site. « C’est une fierté et c’est magique de participer à un temps aussi fort, qui va faire vibrer tout le monde », savoure-t-il.

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Lui n’est pourtant pas un fan de compétition sportive. Ce Ligérien d’origine préfère pratiquer le sport en extérieur : la course, le vélo, la natation, la planche à voile et la randonnée. Toucher les éléments est la grande passion de ce fils d’une infirmière et d’un prof de physique-chimie qui a dès le lycée voulu devenir météorologiste. Après une classe prépa scientifique, il réussit avec succès le concours d’entrée à l’Ecole nationale de la météorologie, décroche son BTS de technicien et complète quelques années plus tard sa formation pour devenir ingénieur.

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Il s’est porté volontaire dès que Météo-France a cherché des salariés pour participer aux JO. L’occasion de sortir de son « open space » lyonnais pour voir le monde, échanger, rencontrer et faire de la pédagogie sur son métier. En bref, prendre l’air du temps.

« Les petites mains des JO »

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