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« Ça passe cette fois », souffle l’infirmière, après avoir fait un grand sourire à la policière. Derrière le volant de sa Smart noire, Imane Chehaibou retient son souffle à chaque fois qu’elle approche d’un barrage de la police. La jeune femme de 25 ans, qui exerce à domicile dans les zones proches des installations olympiques de Saint-Denis et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), a vu son quotidien professionnel sérieusement se compliquer avec les Jeux olympiques et leurs règles de sécurité. Depuis la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet, circuler dans son périmètre d’intervention – constitué de communes de proche banlieue du 93 – est devenu un vrai casse-tête.

Ce mercredi matin 31 juillet, elle a commencé sa tournée de patients très tôt, à Stains, auprès d’une vieille dame qu’elle soigne après la pose d’une sonde gastrique. La journée s’annonçait tranquille, alors que les rues demeuraient vides. Sur le pare-brise de la petite voiture, un caducée, un insigne indiquant sa profession, et, posée sur le plat-bord, une pochette où sont reproduits la carte professionnelle et le QR code obtenu de la préfecture de police. Des sésames indispensables mais pas toujours suffisants pour passer les barrages policiers présents à tous les carrefours dans ce périmètre de quelques kilomètres carrés. Ici, on est à deux pas du Stade de France, du centre aquatique et du village olympique inclus dans le périmètre de protection (zone SILT).

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Le deuxième rendez-vous, à Saint-Denis, concerne un bébé de dix mois auquel il faut enlever le cathéter central, posé après une lourde opération de l’intestin. Le trajet s’est fait sans encombres et la soignante peut se concentrer sur sa visite. Il faut s’habiller de vêtements stériles, attacher le petit à la table à langer, aider la mère à changer le pansement. Sous son voile marron serré par une épingle, et le masque chirurgical, les yeux familiers d’Imane Chehaibou font sourire le bébé. Les gestes sont assurés : la jeune femme exerce depuis deux ans et demi pour un cabinet spécialisé en soins postchirurgicaux.

« Ce sont les ordres »

Le petit patient suivant se trouve au cœur du périmètre sécurisé de Carrefour Pleyel. Cinq contrôles sur un parcours d’une dizaine de minutes pour y accéder. « C’est au petit bonheur la chance selon le moment et le policier en faction. Certains me laissent passer sans vérification, d’autres me réclament un document prouvant le rendez-vous médical. C’est un peu poussé ! La seule chose que je peux leur montrer, c’est mon GPS, pour qu’ils voient que l’adresse où je vais est bien en zone rouge ! », explique Imane Chehaibou. La soignante raconte avoir dû, mardi 30 juillet, faire un détour de quarante minutes après le refus d’un fonctionnaire de la laisser circuler dans la zone : « J’avais beau expliquer que j’avais un petit patient de quelques mois qui m’attendait pour être nourri, on me répondait “Ce sont les ordres”. »

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