L’Europe se mobilise pour le vert kaki plus que pour le vert nature. En réponse à la décision américaine de suspendre son aide à l’Ukraine et de lâcher ses alliés d’hier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dégainé, début mars, un plan de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe, et propose de relâcher la discipline budgétaire aux pays qui en feront la demande.
En Allemagne, le probable futur chancelier, Friedrich Merz, desserre le sacro-saint « frein à l’endettement », au risque de fâcher la droite chrétienne qu’il dirige : il se convertit à un « quoi qu’il en coûte » de la défense, avec un plan de 500 milliards d’euros mixant dépenses militaires, modernisation des infrastructures et transition écologique.
La France, de son côté, estime ne pas avoir de marges de manœuvre budgétaires : elle ne mobilisera que ses financeurs publics (la Banque publique d’investissement, Bpifrance, et la Caisse des dépôts et consignations) et ses épargnants pour soutenir la production des entreprises de la défense. Au final, c’est un effort d’investissement inégal et dispersé qui va être déployé en Europe. La question du financement public revient en force sur le terrain de la défense mais elle se heurte à l’absence d’union budgétaire.
Fonds d’investissement orienté
Face aux deux grands chocs qui ont secoué les finances publiques – la crise financière en 2007-2008 et la crise sanitaire en 2020-2021 –, la France et l’Allemagne ont connu des trajectoires budgétaires très différentes. En Allemagne, le ratio dette/produit intérieur brut (PIB) a augmenté le temps des crises, pour ensuite, à chaque fois, recoller à peu près à la règle des 60 %. En France, le même ratio a presque continûment augmenté (de 64 % en 2007 à 113 % fin 2024). Cela étant, l’investissement public s’est retrouvé en berne dans les deux pays, avec un avantage bien modeste pour la France (un peu moins de 5 % du PIB en moyenne, au cours des quinze dernières années, contre moins de 4 % en Allemagne).
Il vous reste 67.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.