Meilleures Actions
Histoires Web vendredi, mai 30
Bulletin

Le gouvernement espagnol a nié, mercredi 28 mai, qu’une « quelconque expérimentation » sur le réseau électrique ait pu provoquer la gigantesque panne ayant plongé une grande partie de la péninsule ibérique dans le noir le 28 avril. Si l’origine de la coupure reste inconnue, le débat sur la sortie du nucléaire s’est intensifié dans le pays, qui mise sur les énergies renouvelables.

« Il n’est pas responsable de désigner des coupables alors que les causes de la panne sont toujours en cours d’identification » et « il n’est pas responsable non plus de dire que le gouvernement faisait des expériences » sur le réseau électrique avant la coupure, a assuré la ministre de l’écologie, Sara Aagesen, interrogée au Parlement sur un article du quotidien conservateur britannique The Telegraph mettant en cause l’action de l’exécutif en amont de la panne. Celle-ci avait paralysé les transports, le trafic routier et une partie des communications, affectant gravement l’Espagne et une partie du Portugal. Sara Aagesen a dénoncé de « fausses informations » et des « manipulations ».

Dans un article publié le 23 mai, The Telegraph a assuré, en citant des sources à Bruxelles, que les autorités espagnoles « menaient une expérience » sur le réseau électrique du pays lorsque la coupure a eu lieu. L’objectif était de voir « jusqu’où elles pouvaient pousser la dépendance aux énergies renouvelables » en vue de la fermeture de deux réacteurs nucléaires en 2027 dans l’ouest du pays, première étape d’une sortie définitive du nucléaire prévue en 2035, a-t-il écrit.

Lire notre reportage | Article réservé à nos abonnés Une gigantesque panne d’électricité sème le chaos en Espagne et au Portugal : « C’est dingue de se sentir si vulnérable »

Après l’arrivée au pouvoir du socialiste Pedro Sanchez, l’Espagne est devenue le deuxième pays d’Europe en production d’électricité solaire, avec 59 térawattheures (TWh), derrière l’Allemagne, et le septième au monde. En 2024, les énergies renouvelables ont représenté 56,8 % de la consommation d’électricité du royaume, 20 points de plus qu’en 2018. Le black-out a donc enflammé le débat et intensifié la mise en cause des énergies renouvelables par l’opposition de droite espagnole.

Renvoi de responsabilité

Cette hypothèse a également été démentie mercredi par la présidente du gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, Beatriz Corredor, qui a assuré dans un entretien au quotidien catalan La Vanguardia que cette information était « totalement fausse ». Lors de la coupure du 28 avril, « il n’y a pas eu d’excès d’énergies renouvelables », et il n’y a pas eu non plus « de court-circuit, de surcharge » du réseau et « de cyberattaque », a répété par ailleurs Mme Corredor, écartant une à une plusieurs pistes évoquées ces dernières semaines.

Dans cet entretien, cette ancienne députée socialiste pointe en revanche le rôle de certains producteurs d’« énergie conventionnelle », issue de centrales à gaz, nucléaires ou hydrauliques, accusés d’avoir eu ce jour-là « des paramètres de contrôle de la tension inférieurs à la norme ». Elle ne précise pas si ce défaut de contrôle pourrait avoir joué un rôle dans l’effondrement du système électrique espagnol.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Espagne, controverse autour de la brusque accélération de la transition écologique

Dans un communiqué publié mardi soir, l’Association des entreprises d’énergie électrique espagnole (Aelec), auquel appartiennent notamment les géants Iberdrola et Endesa, a assuré que ses membres n’avaient « identifié aucun défaut dans leurs installations ». « Cela veut dire que les systèmes de protection ont fonctionné comme ils le devaient », a assuré l’Aelec, en pointant en revanche le manque de « transparence » des autorités. « Il faut que REE partage ses informations avec tous les acteurs impliqués », a-t-elle insisté.

Selon les autorités, deux fortes oscillations électriques ont été repérées dans les trente minutes avant la panne. Elles ont été suivies de trois incidents distincts en l’espace de vingt secondes dans des sous-stations électriques de Grenade et Séville (Sud), et de Badajoz (Sud-Ouest).

Newsletter

« Chaleur humaine »

Comment faire face au défi climatique ? Chaque semaine, nos meilleurs articles sur le sujet

S’inscrire

Afin d’éviter de nouvelles coupures, l’Espagne et le Portugal ont demandé le 21 mai à la Commission européenne d’agir pour renforcer en « urgence » les interconnexions électriques entre la péninsule ibérique et la France.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les énergies renouvelables dans la tourmente en France après la panne d’électricité géante espagnole

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.