Meilleures Actions
Histoires Web mardi, mars 4
Bulletin

Depuis le retour de Donald Trump à Washington, les discussions autour d’un accord de paix en Ukraine s’accélèrent. Elles ont pris un tournant radical après l’altercation entre le président des Etats-Unis et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, vendredi 28 février, à la Maison Blanche.

La prise de distance brutale des Etats-Unis vis-à-vis de Kiev, conjuguée à son rapprochement avec la Russie, a contraint les alliés de l’Ukraine à se mettre en ordre de marche pour élaborer un plan de paix. Mais si chaque camp dit vouloir parvenir à une résolution pacifique de la guerre, les propositions divergent selon les belligérants et leurs alliés.

Pour l’Ukraine : une paix durable et des garanties de sécurité

L’Ukraine se bat depuis trois ans pour sa survie, et pour construire un avenir sûr et indépendant. Elle souhaite la fin des hostilités, mais pas à n’importe quel prix. Volodymyr Zelensky exige une paix « réelle et juste ». Le président ukrainien s’est dit prêt à se « mettre à la table des négociations », et a proposé, mardi 4 mars, une « trêve dans le ciel » et une « trêve maritime immédiate, si la Russie fait de même ».

Lire aussi | En direct, guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky propose une « trêve dans le ciel » et une « trêve maritime immédiate, si la Russie fait de même »

La question de l’intégrité territoriale de l’Ukraine est cruciale dans ces pourparlers. Pour que la paix soit durable, Kiev entend récupérer l’ensemble de son territoire, et exclut toute reconnaissance des régions occupées par la Russie (actuellement 20 % du pays). Mais sur ce point, le président ukrainien s’est montré parfois plus ambigu dans le passé, en suggérant qu’il pourrait renoncer à certains de ces territoires.

M. Zelensky insiste aussi sur l’obtention de garanties de sécurité solides pour empêcher de futures attaques russes en cas de cessez-le-feu. Le pays redoute qu’un règlement du conflit négocié en position de faiblesse soit exploité par Vladimir Poutine. « Il y a onze ans, l’absence de garanties de sécurité pour l’Ukraine a permis à la Russie de commencer l’occupation de la Crimée et la guerre dans le Donbass, a rappelé lundi le président ukrainien sur Telegram. Plus tard, cette absence de garanties a permis à la Russie de lancer une invasion à grande échelle, et aujourd’hui (…) elle continue d’alimenter cette guerre. »

Pour les Européens : une vision alignée sur l’Ukraine, avec des différences d’approche

Contrairement à ce qu’avance Moscou, les Européens ne veulent pas poursuivre la guerre. Réunis dimanche à Londres, les 18 dirigeants de pays européens alliés de Kiev ont rappelé qu’ils souhaitaient la paix et qu’ils comptaient toujours sur les Etats-Unis pour y parvenir. « On veut la paix. On ne la veut pas à n’importe quel prix », a toutefois rappelé le président français, Emmanuel Macron, dans les colonnes du Figaro.

L’Europe espère surtout ne pas reproduire les erreurs commises lors de la signature des accords de Minsk (2014 et 2015), qui avaient échoué à mettre un terme aux affrontements entre l’armée ukrainienne et les séparatistes soutenus par Moscou dans le Donbass. « Nous ne pouvons pas accepter un accord de paix faible que la Russie peut violer facilement, comme celui de Minsk », a averti le premier ministre britannique, Keir Starmer.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Londres, les Européens à la recherche d’un plan de paix pour l’Ukraine

Pour remédier au désengagement progressif des Etats-Unis, l’Europe cherche donc à élaborer un plan, mais les propositions divergent. Paris dit avoir suggéré avec Londres une trêve d’un mois « dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques », qui pourrait être suivie dans un second temps de l’envoi de troupes au sol pour assurer le respect d’un cessez-le-feu. Mais les Britanniques ont démenti, lundi, l’existence d’un tel accord.

Le Monde

Soutenez une rédaction de 550 journalistes

Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 7,99 €/mois pendant 1 an.

S’abonner

Les dirigeants européens se sont en revanche accordés sur la nécessité, pour chaque Etat européen, de consacrer davantage de moyens à la défense. C’est dans cette perspective que la Commission européenne a proposé, mardi, un plan de 800 milliards d’euros pour aider les Etats-membres à investir dans leurs dépenses de défense.

L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN constituerait également une garantie de sécurité importante pour Kiev, mais les Etats-Unis et la Russie s’y sont catégoriquement opposés.

Pour les Américains : un cessez-le-feu contraint et rapide, et un accord sur les minerais

Donald Trump ne s’en est jamais caché : il souhaite que la guerre s’achève le plus rapidement possible. Pour y parvenir, il a rompu avec la politique américaine de soutien à Kiev, et opéré un rapprochement inédit avec la Russie. Pour lui, la responsabilité de la poursuite du conflit incombe désormais à l’Ukraine, et non plus à Moscou. Il entend donc imposer un accord à Volodymyr Zelensky tout en épargnant Vladimir Poutine, pour lequel il n’a jamais caché son admiration.

Concrètement, la vision américaine de la paix s’aligne peu ou prou sur celle de Moscou : arracher un cessez-le-feu rapide à Kiev sans véritables garanties de sécurité, écarter les Européens des négociations, exclure l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, refuser tout déploiement américain en Ukraine, et suspendre les aides américaines.

Sur ce dernier point, l’administration Trump a mis ces menaces à exécution en annonçant mardi la suspension de l’aide militaire américaine. Une manière de « punir » Volodymyr Zelensky, que Donald Trump accuse de ne « pas vouloir la paix ».

Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés Donald Trump gèle brutalement l’aide militaire à l’Ukraine pour amener Volodymyr Zelensky à un cessez-le-feu

Souhaitant se désengager financièrement et militairement de la guerre en Ukraine, Donald Trump dit aussi vouloir le remboursement de l’aide américaine en signant un accord pour exploiter les ressources minières ukrainiennes. Ce dernier a toutefois été avorté après la rencontre désastreuse avec Volodymyr Zelensky à Washington, même si le président ukrainien se dit toujours « déterminé » à signer ce « deal » et à travailler avec les Etats-Unis malgré le gel annoncé des aides militaires.

Pour la Russie : une paix de façade

Officiellement, le Kremlin dit vouloir la paix et se dit « complètement d’accord » avec Donald Trump pour mettre fin rapidement au conflit en Ukraine. En apparence, Moscou semble en effet ouvert à des compromis. Vladimir Poutine s’est dit « prêt » à discuter avec Volodymyr Zelensky, un homme qu’il n’a pourtant jamais considéré comme légitime depuis l’élection de ce dernier à la présidence ukrainienne en 2019. Le Kremlin a même reconnu « le droit souverain » de Kiev à rejoindre l’Union européenne.

Mais les spécialistes s’accordent à dire que la Russie n’entend pas revoir ses ambitions maximalistes en Ukraine. Le Kremlin ne s’en cache pas, et déclare que ses objectifs demeurent « inchangés » pour mettre fin aux hostilités : faire capituler l’Ukraine, exiger le départ de Volodymyr Zelensky, puis installer un gouvernement prorusse au nom d’une prétendue « dénazification » du pays, et l’empêcher d’adhérer à l’OTAN. Le Kremlin répète aussi qu’il ne cédera pas les régions ukrainiennes qu’occupe son armée (Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia), ainsi que la péninsule de la Crimée, annexée illégalement depuis 2014.

Kiev et ses alliés ont toujours rejeté ces conditions, qui constitueraient, à leurs yeux, une capitulation pour l’Ukraine.

Lire aussi l’analyse | Article réservé à nos abonnés Face aux déclarations fracassantes de Donald Trump, les réactions mesurées de Vladimir Poutine

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.