A quelques jours du vernissage, le 3 juin, à la Maison européenne de la photographie (MEP) de l’exposition de Marie-Laure de Decker, une figure de l’agence Gamma morte en 2023, ses deux fils contiennent difficilement leur émotion. « Cette exposition, c’est une déclaration d’amour à ma mère, une manière de lui redonner la place qu’elle n’a pas su ou pu se faire », murmure le DJ Pablo Saavedra de Decker, 42 ans. « Il y a un côté thérapeutique, une manière de réparer l’offense faite à Marie-Laure », complète son cadet, l’avocat pénaliste Balthazar Lévy, 37 ans.
Mêmes barbes, même sensibilité à fleur de peau. Les deux demi-frères œuvrent harmonieusement à la promotion posthume de leur mère. A l’aîné, le volet artistique, au cadet, le volet administratif. « Le mieux pour les institutions, c’est qu’il n’y ait qu’un seul porte-parole et que ce soit Pablo, insiste Balthazar Lévy. Mon frère sait bien choisir les photos, les mettre en valeur en étant respectueux de la vision de Marie-Laure. »
Avant de devenir l’un des DJ que les grandes fortunes s’arrachent pour ambiancer leurs soirées, Pablo Saavedra de Decker s’est longtemps cherché à l’ombre de deux forts tempéraments : sa mère, plaque sensible qui attirait la lumière, amie de Marguerite Duras et de Catherine Deneuve, aimée du dessinateur Roland Topor et du styliste Jean-Charles de Castelbajac, et son père, Teo Saavedra, chilien, tout aussi solaire, militant d’extrême gauche passé par les geôles de Pinochet, qui a créé le très respecté festival musical Nuits du Sud, à Vence (Alpes-Maritimes).
« Pour mieux raconter d’où je viens »
Le petit Pablo a 2 ans quand ses parents se séparent, 5 quand sa mère se remarie avec l’avocat pénaliste Thierry Lévy, que le gamin adopte d’emblée. Peu à l’aise dans le système scolaire, il quitte l’école à 13 ans pour partir vivre au Chili dans son autre famille. « J’étais conscient que j’allais me faire engloutir si je ne faisais pas quelque chose par moi-même, c’était une question de vie ou de mort », explique-t-il. S’ensuit un long voyage qui le conduit en Indonésie, où il se familiarise avec les percussions balinaises, puis en Inde, toujours en quête de nouvelles sonorités, dans les Caraïbes, enfin, avant un retour à Paris à l’âge de 23 ans.
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