Depuis six ans, Clémence Charvin accompagnait chaque semaine son fils de 12 ans, atteint de troubles dyslexiques, dysorthographiques et dysphasiques, chez Isabelle Dumeny, orthophoniste en libéral à Beaugency (Loiret). Mais, à la fin de juillet, Mme Dumeny a mis fin à ces séances. Elle redoute que l’Assurance-maladie ne les prenne plus en charge, voire lui demande de rembourser des soins déjà effectués, au motif que son patient est également suivi par un centre médico-psychologique (CMP), dans lequel, en théorie, cette discipline est présente. L’origine de sa crainte : le durcissement annoncé d’une règle de l’Assurance-maladie pour éviter une « double prise en charge », qui a suscité un vent de panique chez les professionnels et chez les familles concernées.
Les CMP, structures rattachées aux hôpitaux, proposent à plus de 350 000 enfants et adolescents qui souffrent de troubles psychiques des suivis pluridisciplinaires : pédopsychiatre, neuropsychologue, psychomotricien… Les orthophonistes font partie de ce panel de soins forfaitaire pris en charge par la Sécurité sociale, selon un décret de 1992, rappelé lors de la réforme de la psychiatrie, en 2022. Mais, sur le terrain, très peu d’équipes comprennent des orthophonistes, dans un contexte général de pénurie, aggravée par des salaires peu attractifs. Or, beaucoup de patients de CMP ont des problèmes de neurodéveloppement, de langage, d’entrée dans les apprentissages, ou des troubles autistiques, qui nécessitent un accompagnement d’orthophonie.
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