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L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui tente depuis des années de contrôler les risques liés à la prise des médicaments opioïdes, qui ont notamment provoqué une crise sanitaire aux Etats-Unis, en particulier le fentanyl, vient de prendre une décision radicale : le tramadol et la codéine, deux médicaments opioïdes, devront être prescrits sur ordonnance dite « sécurisée », c’est-à-dire infalsifiable, à compter du 1er décembre, a-t-elle annoncé, jeudi 26 septembre.

Le tramadol est le principal traitement de la famille des opioïdes. Ces derniers sont généralement utilisés comme antidouleurs, mais présentent un risque élevé de dépendance avec d’importants risques pour la santé. La codéine est aussi un médicament opioïde utilisé pour soulager la toux et la douleur légère ou modérée, qui peut créer une dépendance lorsqu’elle est utilisée à fortes doses et sur une longue durée.

Ces médicaments ne peuvent être dispensés que sur présentation d’une ordonnance. Mais pour réduire les risques d’abus, les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d’autres substances (paracétamol, ibuprofène…) seront dispensés uniquement sur présentation d’une ordonnance sécurisée.

Durée maximale de prescription réduite pour la codéine

Ce type d’ordonnance doit remplir des critères visant à la rendre infalsifiable : mention d’informations obligatoires préimprimées en bleu permettant d’identifier le prescripteur, apparition d’un filigrane représentant un caducée, présence de carrés en microlettres, grammage minimal fixé à 77 g/m2… Le dosage, la posologie et la durée du traitement devront être rédigés en toutes lettres. La durée maximale de prescription de la codéine sera réduite à douze semaines à compter du 1er décembre. Au-delà, une nouvelle ordonnance sera nécessaire.

Les prescriptions établies avant le 1er décembre demeureront valables jusqu’à leur terme.

Depuis 2017, tous les médicaments contenant de la codéine sont soumis à une prescription médicale. En 2020, la durée maximale de prescription des médicaments contenant du tramadol a été réduite à douze semaines. L’ANSM a aussi demandé aux industriels la mise sur le marché de boîtes de tramadol contenant moins de comprimés, adaptées aux traitements de courte durée.

Malgré ces efforts, différentes enquêtes ont montré la persistance des cas d’abus, de surdosages où de dépendance, d’où la nécessité de nouvelles mesures. Certains types de médicaments sont déjà soumis à ce type d’ordonnances : des opioïdes (comme la morphine), des psychotropes (certains antidépresseurs et antipsychotiques) ou stupéfiants.

Des centaines d’ordonnances falsifiées

« Ce sont de très bons médicaments pour soulager la douleur, mais compte tenu des risques qu’ils présentent il est important de renforcer leur bon usage », a résumé à l’Agence France-Presse (AFP) Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM. « En 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur », a-t-il ajouté.

« Il faut restreindre au maximum l’usage de ces médicaments puissamment addictifs », a renchéri auprès de l’AFP Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), principal syndicat de pharmaciens. Cette mesure va « dans le bon sens », selon lui, même si « on va utiliser un moyen de vérification périmé puisqu’on devrait déjà être passé dans la nouvelle ère de l’ordonnance numérique, qui éviterait tout problème de falsification ». Mais « il y a un vrai retard sur ce sujet », a-t-il regretté.

Quelque 10 millions de Français avaient reçu au moins une prescription d’opioïdes antalgiques en 2015, selon le dernier état des lieux dressé par l’ANSM en 2019. En 2022, l’abus de tramadol a conduit en France à 14 décès, l’abus de la codéine a entraîné 6 décès la même année.

Le Monde avec AFP

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