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Histoires Web mercredi, janvier 22
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Il faut toujours se méfier d’un Novak Djokovic courroucé. Après sa victoire en huitièmes de finale, le décuple vainqueur de l’Open d’Australie avait quitté « sa » Rod Laver Arena en mettant un vent à l’ancien champion américain Jim Courier, qui lui tendait le micro pour la traditionnelle interview d’après match. Motif ? L’ancien numéro 1 mondial n’a pas franchement goûté l’humour déplacé d’un journaliste local se payant sa tête et celle de ses supporteurs : « Novak est surcoté, Novak est has been, Novak expulsez-le », avait lancé l’impudent à l’antenne du diffuseur officiel du tournoi, allusion à son expulsion du pays en 2022 faute de s’être fait vacciner contre le Covid-19. La chaîne et son journaliste ont, depuis, fait amende honorable, mais l’épisode a sans doute donné un surplus de motivation au maître des lieux.

Mardi 21 janvier, en quarts de finale, Novak Djokovic a une nouvelle fois fait la leçon à Carlos Alcaraz (4-6, 6-4, 6-3, 6-4), quatre mois et demi après l’avoir dominé en finale olympique à Paris. Ce « choc des générations entre le meilleur joueur de l’histoire et le mieux placé pour l’écrire », comme l’avait résumé un peu plus tôt Alexander Zverev, prochain adversaire du Serbe, n’a pas fait les étincelles annoncées depuis le tirage au sort du premier tournoi du Grand Chelem de la saison.

Une alerte physique, avant un « Djoker » retrouvé

Sur un court central balayé par le vent à la tombée de la nuit, l’Espagnol lâche son service d’entrée après de grossières fautes directes, sans céder à la panique. Il refait aussitôt son retard en décochant un revers long de ligne qui laisse son adversaire sur place. Alcaraz, tous muscles saillants, met son aîné à genoux (littéralement) avec des accélérations et des enchaînements amortie-passing qui font mal aux jambes du Serbe de 37 ans. La science du jeu de Djokovic l’empêche dans un premier temps de lui prendre son service, mais la patience de l’Espagnol est récompensée et son bras ne tremble pas au moment de conclure ce premier set sur un jeu blanc et un ace (6-4).

Manipulé par le kiné à la cuisse gauche, le Serbe se remobilise dès le début de la deuxième manche et profite des deuxièmes balles friables d’Alcaraz pour se détacher (3-0). Le numéro 3 mondial se frustre, mais breake son aîné, ralenti sur le court. Alcaraz dégaine son arme fatale, l’amortie, pour effacer une première balle de break, puis en écarte une deuxième au service et recolle à 3-3. Le Murcien alterne la gifle et la caresse dans ce deuxième set décidément décousu. De l’autre côté du filet, le nouvel élève d’Andy Murray n’abdique pas ; au contraire, il durcit le jeu pour revenir à un set partout (6-4).

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Sur sa lancée, Djokovic, plus relâché, plus précis, plus rapide, ne joue plus à l’économie et fait craquer le protégé de Juan Carlos Ferrero, sur un fil (4-2). Alcaraz efface le break, avant de s’effondrer à nouveau (5-3). Index derrière l’oreille, le meilleur relanceur du circuit retourne une amortie puis un lob avant de décocher un passing croisé pour mener deux sets à un (6-3).

« Ce match était une finale »

Djokovic ne desserre pas la pression sur son adversaire, sans solution. A Melbourne, où le Serbe n’a perdu qu’une fois lors de ses 38 derniers matchs, le poids de l’histoire pèse plus qu’ailleurs, et Alcaraz en fait l’amère expérience, dominé d’entrée de troisième manche. Djokovic se démène en bout de course, sauve une balle de break à 2-1 puis s’appuie sur son service pour écarter le danger en milieu de set et rester devant (4-2). Dos au mur, son cadet s’offre un sursis au terme d’un rallye exceptionnel de 33 coups. Enfin relâché, il prend l’ascendant et s’offre deux occasions de recoller à 4-4. Mais le « Djoker » n’est jamais aussi concentré que dans les moments de vérité et éteint définitivement ses ardeurs (6-4).

Cette fois, il n’a pas boycotté l’interview sur le court avec Jim Courier. « J’ai gagné avec mes deux bras et une jambe et demie, a-t-il répondu à l’Américain qui lui demandait le secret de sa victoire, à bientôt 38 ans (il les fêtera en mai). J’ai vraiment eu l’impression que ce match était une finale, c’était l’un des matchs les plus épiques que j’ai pu jouer sur ce court. Quand les médicaments ont fait leur effet, j’ai mieux bougé mais il faudra voir par la suite. La clé maintenant ça va être la récupération. »

Le Serbe a deux jours devant lui pour recharger les batteries avant d’affronter en demi-finales l’Allemand Alexander Zverev (numéro 2 mondial), qui s’est débarrassé de l’Américain Tommy Paul pour rallier sa deuxième demi-finale de suite à Melbourne.

Après deux premiers tours laborieux, Djokovic est plus que jamais en course pour aller chercher un 25e tournoi du Grand Chelem. Jusqu’ici codétenteur du record avec la controversée Margaret Court, il entend laisser sur le bas-côté la « tatie cinglée du tennis mondial », comme l’a un jour surnommée John McEnroe. Un dernier défi pour être définitivement le plus grand.

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