Dans les champs, la betterave pousse doucement, mais sûrement. « Le potentiel est là. Nous avons eu des attaques de pucerons plus tôt que prévu, vers fin avril, mais elles sont, a priori, bien contrôlées », raconte Gérard Clay. Si cet agriculteur des Hauts-de-France se réjouit de l’état actuel de développement de cette culture, il ne manque pas de sujets de préoccupation. La coopérative sucrière qu’il préside, le géant Tereos, traverse en effet, comme ses concurrents, une nouvelle zone de turbulences.
Connue pour être cyclique, avec ses pics de glycémie rapide et ses descentes accélérées, l’industrie de la poudre blanche est prise depuis près d’un an dans un cycle de repli. Le prix du sucre en Europe a fondu de 40 % sur cette période. Pour expliquer cette glissade, Tereos évoque, d’abord, la surproduction. Attirés par une rémunération très lucrative alors que les cours tutoyaient les sommets, les agriculteurs allemands, polonais et français ont planté à tour de bras. Résultat : les surfaces de betteraves ont bondi de 12 % en deux ans.
Déjà proche du surpoids, le marché du sucre européen s’est également retrouvé déstabilisé par un flux massif d’importation. Les vannes se sont ouvertes au sucre ukrainien, mais aussi à l’alcool industriel pakistanais. Une double déferlante qui a entraîné la chute des cours. Les groupes sucriers – la betterave est également utilisée pour produire de l’alcool industriel – ont alerté. « Nous avons demandé une clause de sauvegarde pour l’alcool européen. Nous attendons depuis deux ans que la procédure débouche », affirme Olivier Leducq, directeur général de Tereos.
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