En mars, Eva (le prénom a été modifié), 28 ans, pousse la porte de la Croix-Rouge, à Paris. Officiellement, c’est pour étoffer son CV. « J’ai envie de bosser dans l’associatif, donc je cherche à me créer un réseau », raconte la jeune professionnelle travaillant dans le secteur de la santé mentale. Mais, derrière son sourire un peu gêné, une autre raison affleure, plus intime : « Je me suis dit que, peut-être, je rencontrerais un mec. » Après trois ans de célibat et une ribambelle de désillusions sur les applis, Eva rêve d’une romance spontanée, portée par des valeurs communes. « Flemme d’expliquer à un mec ce qu’est une maraude ! », soupire celle qui consacre déjà cinq heures par semaine à l’accompagnement des mineurs étrangers isolés. Pour Eva, l’engagement est un critère de désirabilité.
Alors, quand le responsable de la mission « maraude » de la Croix-Rouge lui glisse qu’il y a « beaucoup de bénévoles de son âge » sur le terrain, Eva s’emballe. Elle s’imagine déjà entourée de « trentenaires beaux gosses et militants ». Mais, le jour J, douche froide. Pas de membres de la « gen Z » à l’horizon. « Je ne désespère pas ! J’ai une autre mission bientôt », lance-t-elle, mi-déçue, mi-amusée. En 2022, elle avait déjà entamé une relation avec un bénévole croisé sur les campements parisiens de personnes migrantes. « J’étais d’astreinte et lui avait un problème : il ne retrouvait pas le mineur isolé qu’il devait accompagner à un rendez-vous administratif. On s’est envoyé pas mal de messages, puis il m’a proposé d’aller boire un verre », se remémore Eva. Leur aventure dure quelques mois, au rythme des manifestations et des cafés pris à la hâte. Jusqu’à ce qu’il quitte Paris.
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