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Histoires Web dimanche, juin 30
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Anas, Meryem et Malka ont entre 15 et 25 ans. Ils sont tous trois dyonisiens et s’installent, jeudi 27 juin, dans la salle de cinéma improvisée par l’association Ghett’Up, qui traite essentiellement de justice sociale dans les quartiers populaires, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Un grand écran de télévision est placé au centre d’une pièce où l’on peut lire sur des pancartes le prénom de Nahel, tué il y a un an par un policier à Nanterre, ou encore « à bas la hess », la misère. Une trentaine de chaises peuple la salle, qui se remplit progressivement, surtout de primo-votants. Le film commence, suivi d’un débat pour trouver des moyens de lutter contre l’extrême droite, à quelques jours des élections législatives anticipées.

Le film choisi pour ce ciné-débat organisé par le collectif du front de la jeunesse populaire ? Ils l’ont fait, une comédie réalisée en 2015 par Rachid Akiyahou et Saïd Bahij. C’est l’histoire de Khalifa Kamara, Français d’origine sénégalaise tout juste radié de Pôle emploi. Face aux difficultés que le jeune cariste rencontre pour retrouver du travail, il décide de s’engager en politique et de se présenter aux élections municipales de sa commune pour mettre fin à ce plafond de verre. Le jeune homme monte difficilement une liste, la Fédération des banlieues de France, et part en campagne. Derrière le slogan « votez pour nous, c’est voter pour vous », il mobilise son quartier, délaissé par le maire candidat à sa réélection, qui connaît une importante abstention.

L’épopée de Khalifa Kamara fait rire et sourire dans la salle. Elle résonne fortement avec l’actualité. La fin heureuse du film suscite de l’espoir et donne envie de savourer une victoire. Le public en espère une lui aussi, les dimanches 30 juin et 7 juillet. « Bon, ça reste un film », tempère, lucide, Jiro, 28 ans. Mais le récit de cette épopée l’encourage à se mobiliser.

« Le combat est imminent »

Originaire du 15e arrondissement de Paris, Jiro vit désormais dans l’Essonne. Même s’il n’est pas issu d’un quartier populaire, il partage avec les habitants de ces territoires une réalité commune, celle des enfants issus de l’immigration, des « racisés ». Après des études de droits et d’histoire, Jiro se dédie au rap et, depuis une semaine, il aide des proches et des moins proches à vérifier leur inscription sur les listes électorales ou à faire des procurations.

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Le soir, il est venu prendre part au débat et répondre à la question : « Qu’est-ce qu’on fait », maintenant et après ? Comment s’approprier la bataille politique ? Anas, 15 ans, a reconnu être déboussolé. Même s’il ne peut pas encore voter, il se sent pleinement concerné et a peur de faire plus tard le mauvais choix. Abdenour, 20 ans, pense qu’il faut appeler à voter tout en comprenant les raisons de l’abstention. Pour lui, il faut combattre les idées de l’extrême droite à la racine. Pour Sarah, 18 ans, « le combat est imminent, on doit appeler au vote » sans être paternaliste ou culpabilisateur.

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