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Le gouvernement cherche à faire passer à la hussarde une réforme des concours de recrutement et de l’ensemble de la formation des professeurs certifiés des collèges et des lycées (capes) alors que depuis plusieurs mois de nombreuses instances du monde de l’éducation démontrent les risques d’un tel projet pour la formation des enseignants et donc des élèves.

Aussi, samedi 25 mai, s’est tenue à la Sorbonne une réunion extraordinaire de trente-trois sociétés savantes et associations de professeurs de l’enseignement secondaire, de membres du Conseil national des universités et de jurys de concours (capes et agrégation) déterminés à exprimer leur profond désaccord avec ce projet d’« école normale du XXIe siècle » et avec la méthode employée pour l’imposer, sans concertation et sous la forme d’injonctions autoritaires d’un autre temps.

Concrètement : en faisant passer de la 5e année (master 2) au milieu de la 3e année (licence 3) les épreuves du capes, le gouvernement fait le choix d’un effondrement de la formation disciplinaire des candidats.

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Pourquoi alors un choix aussi aberrant ? Il s’agit d’une tentative désespérée pour compenser la désaffection des étudiants pour les concours d’enseignement (près de 20 % de places non pourvues au capes en 2022 et 2023). A cela s’ajoutent des démissions massives : 491 en 2012-2013, mais 2 978 en 2021, dont près du quart (692) d’enseignants stagiaires. Démunis dans leurs savoirs disciplinaires, ces jeunes enseignants seront plus nombreux encore à démissionner. En plaçant les épreuves des concours plus tôt, le gouvernement ne vise donc qu’à toucher un vivier plus large de candidats.

Choix politiques inefficaces

Mais à quel prix pour les futurs élèves ? Cette stratégie catastrophique annonce un effondrement des connaissances disciplinaires des futurs professeurs : plutôt que de mettre devant les élèves des enseignants compétents, on se contente de recruter des adultes pour diffuser un savoir minimal. Et si certains jurys jugent aujourd’hui que les étudiants de 5e année n’ont pas un niveau suffisant en ne pourvoyant pas tous les postes du capes, qui peut croire que le niveau des étudiants de 3e année sera meilleur ?

Cette réforme vise aussi à attirer de nouveaux professeurs en faisant miroiter une rétribution de quelques centaines d’euros – n’ouvrant pas de droits pour la retraite –, qui revient de fait à sous-payer les jeunes professeurs pendant les deux premières années qui suivront la réussite du concours. En outre, conscient de la faiblesse disciplinaire des nouveaux professeurs, le projet qui se profile prévoit deux années après le concours au cours desquelles ces professeurs stagiaires auront à mener de front leur formation pédagogique, la prise en charge de leurs classes, mais aussi le renforcement des connaissances dans leur matière : cela est tout simplement irréalisable.

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