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Histoires Web jeudi, novembre 14
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Ils sont une dizaine d’habitants du quartier populaire de Borny, à Metz, à se retrouver pour des ateliers « parole et bricole » organisés par le Secours catholique. Pendant plusieurs semaines, ils ont planché pour le rapport sur la pauvreté que l’association publie, jeudi 14 novembre, sous le titre « Quand la solidarité s’éloigne ». Rassemblés autour d’un café au rez-de-chaussée d’une petite barre HLM, ils racontent dans leur texte des services publics de moins en moins aidants et de plus en plus distants.

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Plusieurs ont vu une prestation sociale soudainement stoppée, sans préavis. Sylvie M. (elle a requis, comme les autres personnes interrogées, l’anonymat), 61 ans, a reçu en février une quittance de loyer passée de 250 à 500 euros : « En appelant la CAF, j’ai appris que j’étais privée d’APL le temps de rembourser une dette de 780 euros. J’ai beaucoup insisté, mais personne n’a jamais su me dire d’où venait cette dette », s’émeut l’auxiliaire de vie en invalidité, qui anime bénévolement cet atelier.

La fille et le futur gendre de Valérie, parents d’un jeune enfant, viennent de subir ce qu’ils considèrent eux aussi comme une injustice : « Leur revenu de solidarité active (RSA) n’a pas été versé. La CAF a répondu à ma fille qu’ils n’y ont plus droit, parce que selon France Travail, ils auraient créé leur entreprise, ce qui n’est pas le cas », explique cette aide de vie de 55 ans, actuellement au chômage. Huguette, 65 ans, n’a pas été prévenue par la Sécurité sociale qu’elle avait oublié de signer un formulaire, ce qui a retardé le renouvellement de sa complémentaire santé solidaire. « C’est moi qui ai fini par demander ce qui se passait, après un mois d’attente… »

« Maintenant, on parle avec l’ordinateur »

S’ils peuvent se faire accompagner par des assistantes sociales, ils déplorent le manque d’interlocuteurs dans les différents organismes, qui les obligent à solliciter leurs enfants ou leurs voisins, dont ce n’est pas le rôle. « Avant, à la Sécu, il y avait des guichets. On attendait, mais on rencontrait quelqu’un. C’était mieux pour nous qui ne sommes pas nés avec l’informatique », se remémore Chantal, 71 ans, cuisinière de collectivité à la retraite. « Maintenant, on parle avec l’ordinateur », ironise Valérie. Les échanges téléphoniques s’avèrent eux aussi compliqués. « On me dit souvent “Madame, vous ne comprenez pas”, ou qu’il manque un papier, même si c’est faux », témoigne Sylvie M.

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