Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a perdu sans surprise, lundi 16 décembre, le vote de confiance des députés qu’il avait sollicité. Ce vote acte la fin de la coalition hétéroclite au pouvoir depuis 2021, qui avait implosé le 6 novembre, après le limogeage du ministre des finances libéral, Christian Lindner, en raison de différends insurmontables sur la politique économique et budgétaire.
Olaf Scholz n’a obtenu le soutien que de 207 parlementaires au Bundestag, tandis que 394 ont voté contre lui et que 116 se sont abstenus. Il lui fallait une majorité de 367 voix pour l’emporter. Depuis novembre, M. Scholz dirige un gouvernement minoritaire entre son parti, le Parti social-démocrate (SPD), et les Verts, gouvernement dont l’action législative est paralysée. La dissolution de l’Assemblée devrait ensuite être décidée par le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, et des élections législatives anticipées sont convoquées le 23 février. Depuis l’après-guerre, quatre chanceliers seulement ont posé la question de confiance au Bundestag, souvent pour provoquer des élections.
« Je suis content que la décision soit enfin prise, que les choses bougent et que les citoyens aient maintenant la parole », a-t-il confié sur la chaîne de télévision NTV. Après le vote perdu, M. Scholz s’est entretenu avec le chef de l’Etat, Frank-Walter Steinmeier.
« Pire crise économique »
Dans les heures précédant, le débat au Bundestag avait tourné à l’inventaire critique des trois années passées au pouvoir par le dirigeant social-démocrate. « Vous avez eu votre chance, vous ne l’avez pas saisie », a lancé Friedrich Merz, chef du camp conservateur CDU-CSU et favori pour le remplacer à la tête du pays.
Les questions économiques et sociales ont dominé les échanges, reflétant la campagne électorale déjà largement enclenchée dans le pays. M. Merz a accusé M. Scholz de laisser le pays « dans l’une des pires crises économiques de l’après-guerre ».
Menacée d’une deuxième récession annuelle d’affilée, l’Allemagne fait face à une remise en cause de son modèle industriel et s’inquiète des répercussions pour ses exportations de l’élection de Donald Trump.
M. Scholz s’est posé lui en champion d’un Etat social protecteur pour les plus vulnérables et des dépenses d’investissement pour relancer l’économie. De cette question des investissements « dépend tout le reste, notre sécurité, notre prospérité future, la compétitivité de notre économie, un bon emploi et une bonne formation, et enfin la cohésion sociale dans le pays », a-t-il martelé.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
L’enjeu est central dans le domaine de la défense, où le pays a besoin « d’investissements massifs », dans le contexte de la guerre d’agression russe en Ukraine. « S’il y a un pays dans le monde qui peut se permettre d’investir dans l’avenir, c’est bien nous », a-t-il insisté, soulignant que l’endettement de l’Allemagne tournait autour de 60 % du PIB, quand il dépasse 100 % dans la plupart des autres pays du G7.
L’Allemagne se dirige vers une alternance politique
Les désaccords sur la politique économique et le niveau de dépenses publiques avaient déjà été à l’origine de la chute de la coalition gouvernementale tripartite. Depuis le limogeage de son ministre des finances libéral en novembre, Olaf Scholz dirige un gouvernement minoritaire, soutenu par le SPD et les Verts, dont l’action législative est paralysée.
Malgré son impopularité chronique et l’échec de sa coalition, l’imperturbable dirigeant du SPD veut croire en ses chances d’obtenir un deuxième mandat. A ce stade, les sondages lui accordent peu d’espoir, et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU-CSU emmené par Friedrich Merz. Ce dernier est donné nettement gagnant, fort de 30 à 33 % des intentions de vote. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5 % des voix, mais les autres formations excluent toute coopération avec lui.
Le SPD engrangerait de 15 % à 17 % des voix, les Verts de 11,5 % à 14 %. Le chancelier Scholz a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant, contre toute attente, les élections en 2021, et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience, dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les sociaux-démocrates ne perdent pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, mis sur la touche autrefois par l’ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n’a jamais occupé de poste de ministre ou de maire.