
Le géant américain des puces électroniques Nvidia va débaucher l’équipe dirigeante de son concurrent Groq, spécialisé dans les processeurs dédiés à l’intelligence artificielle (IA) générative, avec qui il a conclu un accord de licence, selon un communiqué publié mercredi 24 décembre. Groq ne doit pas être confondu avec Grok, l’interface d’IA de xAI, entreprise contrôlée par Elon Musk.
L’annonce est intervenue quelques minutes après que la chaîne CNBC a cité un des investisseurs de Groq assurant que la start-up californienne allait être rachetée pour 20 milliards de dollars. Interrogés par l’Agence France-Presse (AFP), les deux groupes se sont refusés à commenter au-delà du communiqué de Groq. « Nvidia ne va pas acquérir Groq », a indiqué à l’AFP une source proche du dossier, contredisant le patron de la société de capital-investissement Disruptive, Alex Davis, cité par CNBC.
Vont rejoindre Nvidia le directeur général et cofondateur de Groq, Jonathan Ross, ainsi que le président, Sunny Madra, « et d’autres membres de l’équipe », a révélé la compagnie dans son communiqué succinct. L’opération s’apparente à une « acqui-hire » (mélange d’embauche et d’acquisition), un concept ancien mais remis au goût du jour ces dernières années dans le secteur technologique.
Il consiste pour une entreprise à débaucher les principaux cadres d’une autre et, dans certains cas, à s’assurer de l’accès à sa technologie. La manœuvre est parfois assortie d’une prise de participation, mais minoritaire.
Pas de rejet des régulateurs à craindre
L’« acqui-hire » présente deux intérêts majeurs pour une société en quête d’acquisitions. D’une part, elle ne prend pas le contrôle de sa cible et n’a donc pas à craindre un rejet des régulateurs pour des raisons de concurrence. D’autre part, elle s’évite les dépenses substantielles liées au rachat des parts des investisseurs existants en cas d’acquisition pure et simple.
En juin, Meta a usé d’un procédé similaire avec Scale AI, spécialiste de la mise en forme des données pour l’IA, prenant 49 % seulement du capital et attirant chez elle le patron Alexandr Wang.
Fondé en 2016, Groq a mis au point des puces baptisées LPU (language processing unit) conçues pour l’inférence, c’est-à-dire l’utilisation des grands modèles d’IA générative, avec une plus grande efficacité, énergétique notamment. Il a ainsi choisi la spécialisation quand Nvidia propose, lui, des produits adaptables à de nombreux contextes d’utilisation différents, notamment le développement des modèles d’IA avant leur mise en ligne.
« Nvidia et [son patron] Jensen Huang sont comme Michael Jordan, le plus grand joueur de basket de tous les temps, avait expliqué à l’AFP le directeur général de Groq, Jonathan Ross, en 2024. Mais l’inférence, c’est comme le baseball. Et quand Michael Jordan s’est essayé au baseball, il n’a pas été très bon. »










