A la station Institut polytechnique de la capitale, sur la ligne rouge du métro, en pleine ville, plus une place au sol dès minuit et demi. Des femmes s’installent sur les marches de l’escalator immobilisé et déballent leur sac. Gourde, cage pour le hamster ou caisse de transport pour le chat, oreillettes, casque pour la musique…
Chacun à Kiev a désormais pris l’habitude de le préparer en prévision des nuits difficiles. « Je jouais au tennis quand j’ai entendu le premier drone, vers 20 heures, dit Valentina, 27 ans, allongée sur un tapis de yoga à côté de sa colocataire et de son Jack Russel terrier. Tout était prêt. » Dans son paquetage « spécial métro » – elle y passe sa 10ᵉ nuit depuis début juin –, ses papiers, son Mac soigneusement rechargé (elle travaille en indépendante dans l’informatique)… et son téléphone, évidemment, outil indispensable pour suivre sur les chaînes Telegram « Aeris Rimor » ou « Real Kyiv » l’avancée des attaques, mais aussi lire les réactions des Ukrainiens, jamais en retard d’un commentaire caustique, sur les réseaux sociaux.
« America puts Kyiv in a mess. » (L’Amérique met Kiev dans le pétrin) « Dude please stop attack on Kyiv now » (Eh mec, arrête les attaques sur Kiev, maintenant). Il n’y en a pas seulement pour Trump. « C’est désormais une tradition, dès que Poutine s’entretient au téléphone avec un dirigeant occidental, il faut s’attendre à ce que l’Ukraine soit bombardée. » Ou encore : « Combien entre le coup de fil de Poutine et de Trump et la première attaque ce soir ? Une heure ? »