Le 3 juin 2024, alors que des dizaines de barrages entravent la route, six gendarmes décident, sans en informer leur hiérarchie, de parcourir les 40 kilomètres qui les séparent de leur affectation, à l’aéroport La Tontouta, pour aller déjeuner sur les baies de Nouméa, haut lieu touristique de la capitale, malgré la crise insurrectionnelle qui frappe la Nouvelle-Calédonie depuis deux semaines. L’escapade, à bord de deux voitures louées par leurs soins, se terminera par 13 coups de feu tirés sans sommation après une course-poursuite, suivis d’un échange de tirs, et par deux blessés du côté indépendantiste, dont Lionel Païta, 26 ans, qui décédera quatre jours plus tard, le 7 juin.
A l’époque, le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas, parle de « contexte d’embuscade envers les forces de l’ordre » et de « plusieurs hommes » qui auraient « ouvert le feu », « entraînant une action de riposte ». Une version mise à mal par les auditions des gendarmes et des témoins, dévoilées le 15 avril lors d’une audience au tribunal correctionnel de Nouméa. Car le dossier a été saucissonné. Les coups de feu mortels font l’objet d’une enquête de l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), mais Elie Païta, 23 ans, a été jugé pour « violence avec usage ou menace d’une arme sans incapacité ». Ce qui est reproché à ce cousin de Lionel Païta ? Avoir volontairement, au volant d’un pick-up, percuté l’un des véhicules loués par les gendarmes. Des faits que le jeune homme nie, expliquant à la barre avoir « simplement voulu bloquer la voiture », alors qu’il « ignorait qu’il s’agissait de forces de l’ordre ».
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