
L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle sera inévitablement dépassé ces prochaines années, a admis, mercredi 22 octobre, le secrétaire général de l’ONU, à un mois de la tenue de la COP30 au Brésil.
« Une chose est claire : nous ne parviendrons pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C dans les prochaines années », a déclaré Antonio Guterres devant l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies à Genève, soulignant que « le dépassement est désormais inévitable ».
Contenir le réchauffement de la planète à + 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900) est l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015. Mais, de nombreux climatologues conviennent que ce seuil sera très probablement atteint avant la fin de cette décennie, la planète continuant à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon. Le climat est déjà en moyenne 1,4 °C plus chaud aujourd’hui, selon l’observatoire européen Copernicus.
Les scientifiques soulignent l’importance de contenir le plus possible le réchauffement climatique, chaque fraction de degré supplémentaire entraînant plus de risques comme des vagues de chaleur ou la destruction de la vie marine.
« Au bord du gouffre »
Contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C permettrait ainsi de limiter significativement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
Estimant un peu plus tôt à la tribune de l’OMM que ces bouleversements menaient « notre planète au bord du gouffre », le chef de l’ONU a réclamé aux gouvernements de nouveaux plans d’action nationaux audacieux pour le climat. « La science nous indique qu’une ambition bien plus grande est nécessaire », a-t-il relevé, appelant de nouveau les pays de la COP30 à « convenir d’un plan crédible pour mobiliser 1 300 milliards de dollars (1 120 milliards d’euros) par an de financement climatique d’ici 2035 pour les pays en développement ».
La COP30, qui se tient du 10 au 21 novembre à Belem, en Amazonie brésilienne, aura pour défi colossal d’unir les pays du monde pour ne pas relâcher l’action contre le changement climatique malgré les vents contraires comme le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris.
Un mois après que Donald Trump a brocardé la science du climat devant l’ONU, Antonio Guterres a d’ailleurs appelé à lutter contre la désinformation climatique : « Partout, nous devons lutter contre la désinformation, le harcèlement en ligne et le greenwashing. »
En septembre, le président américain avait lancé à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU que le changement climatique était « la plus grande arnaque jamais menée contre le monde » et le concept d’empreinte carbone « une supercherie ».
Sans la science et les données climatiques « lucides », le monde n’aurait jamais compris l’émergence de la « menace dangereuse et existentielle du changement climatique », a semblé répondre Antonio Guterres, ajoutant que « les scientifiques et les chercheurs ne devraient jamais avoir peur de dire la vérité ». En outre, a-t-il insisté devant l’OMM, « les énergies renouvelables sont la source d’énergie nouvelle la moins chère, la plus rapide et la plus judicieuse. Elles représentent la seule voie crédible pour mettre fin à la destruction inexorable de notre climat ».