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LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, « Le Monde des livres » vous conseille la lecture d’un grand roman de Graham Greene, vigoureusement dépoussiéré par une nouvelle traduction de Claro ; du récit que fait l’Argentine Belen Lopez Peiro de la préparation du procès de son violeur ; d’un essai littéraire sur l’œuvre de Boualem Sansal, qui rappelle, outre le talent de l’écrivain franco-algérien, qu’il croupit depuis bientôt six mois dans une geôle d’Alger ; d’un récit de Tharcisse Sinziun, résistant tutsi face aux génocidaires, en 1994 ; enfin d’un roman hypnotique du Prix Nobel de littérature norvégien Jon Fosse.
ROMAN. « Le Ministère de la peur », de Graham Greene
Recruté en 1941 par sa sœur cadette Elizabeth, Graham Greene (1904-1991) devient agent du MI6, où il se voit confier l’antenne de Freetown, dans la colonie britannique du Sierra Leone. C’est en décembre 1941, à bord du cargo qui l’y emmène, qu’il amorce Le Ministère de la peur, un « divertissement » achevé en Afrique. Fruit de l’expérience marquante du Blitz, vécu en avril 1941, le roman sature tous les codes du récit d’espionnage pour se muer en un périple onirique aux volte-face vertigineuses, un carnaval de masques harcelant éclairé aux fusées d’alerte.
Greene nous attache à l’errance meurtrière et hallucinée d’Arthur Rowe, qui, fraîchement libéré de l’asile où l’a fait interner le meurtre « charitable » de sa femme malade, gagne un opulent gâteau dans une fête foraine. Mais the cake is a fake – c’est un vrai-faux gâteau – et il ne cesse, dès lors, de pâtir de la pâtisserie. Pris dans l’engrenage impitoyable d’une affaire d’espionnage, il se voit confronté aux menées d’une clique hétéroclite de sympathisants nazis en quête d’un microfilm. On le verra changer d’identité et devenir amnésique, passer d’un abri antiaérien à une clinique psychiatrique, croiser un cercle spirite ou des tailleurs pour homme, collaborer avec le Yard, rencontrer l’amour et échapper à la mort.
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