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Histoires Web vendredi, avril 18
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LA LISTE DE LA MATINALE

Cette semaine, « Le Monde des livres » conseille la lecture de deux grandes écrivaines, l’une, russe et contemporaine, Ludmila Oulitskaïa, qui publie un recueil de nouvelles ; l’autre, anglaise classique, Mary Shelley (1797-1851), dont paraît une anthologie pour aller au-delà de Frankenstein ; également d’un discret mais marquant auteur autrichien, Wolfgang Hermann, pour un court roman d’agonie ; de l’autrice d’un premier roman de deuil, Gwendoline Soublin ; enfin, du psychanalyste Pierre Kammerer, qui dit ses rencontres avec des mères fragiles.

NOUVELLES. « Le Livre des anges », de Ludmila Oulitskaïa

Dans Le Livre des anges, la guerre est absente. Mais, comme ces anges qui guettent les vieilles femmes pour accompagner, voire précipiter, leur mort, elle est présente partout entre les lignes. Experte en « angéologie, cette science mystérieuse », Ludmila Oulitskaïa l’observe, du regard et avec ses mots. C’est une plongée, réelle et inventée, dans le quotidien de ces petites gens qui se battent avec la vie avant l’inévitable mort. Il y a certes un peu d’espoir lorsqu’elle raconte d’improbables histoires d’amour qui finissent bien. Mais, comme le prédit l’écrivaine au détour d’un de ces récits angéliques, « de façon générale, ce qui est magnifique est de courte durée ».

Ses anges, doux et malicieux, donnent de belles leçons de vie, pour apprendre à profiter du moment présent, pour cohabiter et pardonner. « La vie, c’est ce qu’on peut téter, mordre, mâcher et avaler », conclut l’un de ses plus invraisemblables héros. Un autre « évoluait à la limite périlleuse de ce qui était acceptable » – un vrai résumé de ce que peut être le quotidien russe, toujours sur le fil.

A la lecture, cela peut paraître naïf. Tout en ironie, c’est en fait le portrait impressionniste mais acerbe de la Russie, avant, pendant et après la guerre contre l’Ukraine. Ludmila Oulitskaïa nous emmène pour une promenade, tout à la fois triste et joyeuse, dans cet univers russe si curieusement paradoxal, désireux de bonheur mais fatalement accablé de malheurs. Un pays fait d’espoirs précaires où « de la musique résonnait quelque part, là-haut », sans doute la voix des anges. B. Q.

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