LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, « Le Monde des livres » vous propose de découvrir le scénario crédible d’une agression militaire russe en Estonie, en 2028 : une alarme sonnée par Carlo Masala ; de (re)faire connaissance avec Marc’O, cinéaste, metteur en scène, écrivain aujourd’hui âgé de 98 ans, et que l’éditeur d’Allia, Gérard Berréby, a rencontré ; de parcourir les sous-sols de Jérusalem dans une histoire de l’archéologie de la ville sainte signée Marius Schattner et Frédérique Schillo ; de retrouver la trace de l’Américain Louis Wolfson, auteur en 1970 et en français de l’étrange Schizo et les langues, et pratiquement oublié depuis, avec le roman d’Etienne Fabre ; d’écouter l’écrivain et musicien russe, depuis longtemps exilé, Léonid Guirchovitch, en conversation avec la traductrice Luba Jurgenson au sujet de la guerre en Ukraine.
ESSAI. « La Guerre d’après », de Carlo Masala
L’entrée en force de l’armée russe à Narva, une petite ville estonienne située à l’extrême nord-est de l’Europe, à la frontière avec la Russie, est le point de départ du petit essai proposé par Carlo Masala, analyste allemand de renom, sous la forme d’une fiction à laquelle l’auteur ajoute ses propres commentaires. Il imagine une opération surprise contre l’Estonie, en 2028. « Le but d’une campagne russe, y affirme l’un des dirigeants du Kremlin, doit être de tester la disposition des Etats de l’OTAN à réagir en cas d’avancée des forces armées russes. »
En effet, si l’attaque des pays baltes pourrait avoir pour but la conquête territoriale pure et simple, sa finalité serait, peut-on penser, tout autant, sinon davantage, politique. Car le Kremlin pourrait calculer qu’une telle agression sèmerait la panique en Europe, et la discorde au sein de l’OTAN. Ses membres seraient-ils unanimes à activer les mécanismes de défense collective ? Ne craindraient-ils pas de déclencher une guerre mondiale ?
En 2022, Poutine avait noté que son lointain prédécesseur, le tsar Pierre le Grand, en conquérant les pays baltes, n’avait fait que « reprendre ce qui appartenait à la Russie », tout en ajoutant : « Apparemment, c’est à nous maintenant de récupérer ce qui appartient à la Russie. » Ainsi l’avertissement de Carlo Masala est-il bienvenu, à l’heure où l’avenir de l’engagement américain en Europe est de plus en plus incertain. L’Europe doit ainsi s’attacher à dissuader Moscou de s’en prendre à son territoire, en la persuadant qu’elle le défendrait, seule si nécessaire. Un défi qu’elle n’a jamais eu à relever à l’époque moderne. Br. T.
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