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Histoires Web samedi, septembre 28
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LA LISTE DE LA MATINALE

En ce début d’automne, les chroniqueurs du « Monde » ont sélectionné pour vous quatorze albums, entre fugue d’un adolescent devenu très célèbre, confinement volontaire, fait divers retentissant, émois amoureux et camp nazi réservé aux femmes.

« Shinkirari, Derrière le rideau, la liberté » : chronique d’une émancipation

Au sein du magazine avant-gardiste japonais Garo où elle fut l’une des éminentes plumes féminines, Murasaki Yamada fit figure d’exception en livrant un témoignage intime et langoureux de la vie de femme au foyer dans les années 1980. Soit un numéro d’équilibrisme entre la domesticité pesante et un désir de liberté que l’autrice aura expérimenté elle-même.

Disparue en 2009, la mangaka fut remarquable bien au-delà des thèmes qu’elle aborde : pour la modernité d’un trait de plume économe et fluide, mais aussi une mise en scène mêlant des protagonistes parfois sans visage, ou très fugaces, mais particulièrement vifs. P. Cr.

De Murasaki Yamada, traduit du japonais par Sara Correia, Kana, 384 p., 18,50 €.

« Kinderzimmer » : détenues de Ravensbrück

Le moindre dessin sur la déportation fait apparaître un nuage de questionnements éthiques. Malsain ? Voyeur ? Complaisant ? Obscène ? Et que dire de la logique de rentabilité du monde de l’édition, rendant suspect tout projet littéraire autour des camps nazis ? Cerné par les avertissements, Ivan Gros a passé des années à chercher le ton juste.

La proposition est, au bout du compte, remarquable : le dessinateur a adapté en bande dessinée Kinderzimmer, roman de Valentine Goby (Actes Sud, 2013) sur le camp de femmes de Ravensbrück. Pour cela, il a patiemment réuni les dessins réalisés par les détenues, puis les a reliés entre eux, utilisant le texte de Valentine Goby comme un fil invisible. C’est là le tour de force d’Ivan Gros : signer une œuvre parfaitement originale, en s’effaçant pourtant à chaque page derrière le récit des autres. A. L. G.

D’Ivan Gros, Actes Sud BD, 400 p., 33,50 €.

« Les Crieurs du crime » : au tournant de la Belle Epoque

Créateur de deux collections associant bande dessinée et sciences humaines à La Découverte, Sylvain Venayre sait ce que la BD peut apporter en matière de partage des connaissances. L’historien et scénariste le démontre brillamment à travers l’évocation d’un fait divers ayant eu un fort retentissement en 1907 : l’affaire Soleilland, du nom d’un ébéniste parisien ayant violé et tué une fillette. Objet d’une couverture journalistique sans précédent, l’affaire avait ému l’opinion publique alors même que le gouvernement Clemenceau entendait abolir la peine de mort – projet qui capota sous l’effet d’un référendum organisé par le quotidien Le Petit Parisien.

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