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Histoire d’une notion. Et si ceux qu’on appelle des « handicapés » avaient juste un « p’tit truc en plus », comme le suggère le titre du film d’Artus ? Dans cette comédie, succès surprise du box-office français en 2024, un cambrioleur se fait passer pour handicapé mental afin de rejoindre un groupe de vacances – une façon de fuir la police. Au contact des jeunes, il découvre leurs qualités insoupçonnées et il prend conscience de ses propres défauts. Le film joue ainsi sur un renversement de perspective, suggérant que les véritables « handicapés » de l’histoire ne sont pas ceux que l’on croit.

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Ce schéma narratif est récurrent au cinéma. On le retrouve notamment dans Le Huitième Jour (1996), de Jaco Van Dormael, ou dans la série Netflix Extraordinary Attorney Woo (2022). Historiquement, Bienvenue, Mister Chance (1979), de Hal Ashby, et Rain Man (1988), de Barry Levinson, ont été parmi les premiers à valoriser une forme de sagesse autistique, susceptible d’éclairer les individus dits « neurotypiques ».

Ces fictions font écho au concept de « neurodiversité », soit l’idée que les fonctionnements cognitifs ne doivent pas être hiérarchisés : mieux vaudrait les reconnaître comme des variations ayant chacune leurs forces et leurs défis propres. Autrement dit, que ce que l’on qualifie habituellement de « handicaps mentaux » correspond en réalité à différentes façons de penser et de voir le monde, ni meilleures ni inférieures en elles-mêmes.

Produit d’un environnement social et politique

Cette remise en question du concept de handicap puise ses racines dans la seconde moitié du XXe siècle. Dans Le Normal et le Pathologique (PUF, 1966), le livre qu’il tire de sa thèse de médecine soutenue en 1943, l’historien et philosophe des sciences Georges Canguilhem (1904-1995) affirme qu’une maladie ne peut jamais être définie objectivement : « En matière de normes biologiques, c’est toujours à l’individu qu’il faut se référer. »

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Autrement dit, seules les personnes directement concernées seraient légitimes pour déterminer si elles se sentent malades ou handicapées. A l’inverse, si leur profil s’écarte de la norme, mais qu’elles le vivent bien et sont heureuses, les savants et les médecins ne devraient pas considérer leur état comme pathologique.

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