Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, juillet 7
Bulletin

LA LISTE DE LA MATINALE

Des migrants, des levers de soleil, un regard critique sur le pouvoir, une vaste collection d’images documentaires… sur la quarantaine d’expositions qui composent le programme du festival de photographie, nous en avons sélectionné neuf qui valent le détour.

L’odyssée fantastique des migrants au Mexique

D’un sujet rebattu – les migrants qui traversent le Mexique pour chercher une vie meilleure aux Etats-Unis – la photographe hispano-belge Cristina de Middel fait une odyssée, à la fois enchanteresse et fermement ancrée dans la réalité. Mélangeant avec brio fiction et documentaire (les légendes sont précises), la photographe a réussi à occuper la belle église des Frères Prêcheurs en coupant l’espace en deux, comme avec un mur, et à construire deux pays : d’un côté un Mexique dangereux et fantastique, de l’autre des Etats-Unis à l’allure d’un parc d’attractions clinquant et factice.

« Voyage au centre », de Cristina de Middel, à l’église des Frères Prêcheurs.

Le théâtre du pouvoir vu par Debi Cornwall

Debi Cornwall : Scénario « Discernement » 1. Centre de formation de l’US Border Patrol, Artesia, Nouveau-Mexique, série « Citoyens modèles », 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

L’Américaine Debi Cornwall photographie des sites d’entraînement de l’armée américaine, des musées d’histoire américaine et des rallyes politiques de militants pro-Trump, non pas pour les décrire, mais pour souligner la façon dont le pouvoir politique et militaire se met en scène, et comment les citoyens eux-mêmes adhèrent à ces fictions manichéennes sur la nation et la citoyenneté. Elle en tire des images ambiguës, qui hésitent entre le vrai et le faux : des soldats affublés de fausses blessures, des figurants irakiens costumés pour jouer leur propre rôle… Ne pas rater le film qu’elle a créé en mélangeant un fait divers et divers films connus, pour démontrer le rôle que joue Hollywood dans la construction et la perpétuation des mythes autour de la nation américaine.

« Citoyens modèles », de Debi Cornwall, au Monoprix.

Des images pour ordonner le monde de la Fondation A

Judith Joy Ross : « Annie Hasz, Easton, Pennsylvania, Protesting the Iraq War », série « Living with War – Portraits », 2007. Avec l’aimable autorisation de l’artiste/galerie Thomas Zander, Cologne.

C’est une exposition monumentale mais pas pesante : avec près de six cents photographies exposées, la présentation de la collection de la Fondation A démontre surtout la vision claire d’Astrid Ullens de Schooten lorsqu’elle a acheté ces images ces trente dernières années : elle a privilégié des photographes documentaires conceptuels qui travaillent en série, plutôt en noir et blanc, cherchant à ordonner et à classer le monde pour tenter de le comprendre. Parmi eux, de nombreux monuments de la photographie, dont beaucoup d’Américains, de Walker Evans à Larry Sultan, en passant par Lee Friedlander, que l’on retrouve dans des séries célèbres que l’on peut ici apprécier dans leur totalité et dans un espace adapté. Des images fortes qui racontent aussi bien l’anonymat des grandes villes, les traces de la guerre que l’expérience de l’anonymat ou la vieillesse.

Il vous reste 63.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.