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Histoires Web vendredi, octobre 18
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Tous les nababs d’Hollywood et d’ailleurs en avaient rêvé. Netflix l’a réalisé. Il a transformé en moins de quinze ans un métier relativement artisanal et national, la télévision, en un business mondial et extrêmement profitable. Sur le troisième trimestre de cette année, son chiffre d’affaires, publié ce jeudi 17 octobre, a approché les 10 milliards de dollars (9,22 milliards d’euros) pour près de 2,4 milliards de dollars de bénéfices. Pas mal pour une entreprise de location vidéo créée en 1997 et qui ne s’est lancée dans la télévision qu’en 2007.

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Aujourd’hui, Netflix écrase de sa puissance et de ses profits non seulement ses concurrents directs, mais aussi les acteurs traditionnels du secteur, les chaînes de télévision. NBC, CBS, ABC, ainsi que leurs équivalents français TF1, M6, France Télévisions ou Canal+, savent qu’elles sont mortelles et que la vague Netflix en balaiera plus d’une. Cette histoire ferait une belle série digne de House of Cards, son premier succès mondial.

Le premier épisode serait celui de la création du concept qui consiste à offrir des programmes regardables sans horaire imposé. On appelle cela la « délinéarisation ». Avec un modèle économique fragile, reposant sur l’abonnement. Il faut donc fidéliser les spectateurs et quoi de mieux que les séries pour les accrocher.

Croissance échevelée et dispendieuse

Alors on dépense beaucoup d’argent pour les produire et attirer les abonnés, c’est le deuxième épisode, celui de la croissance échevelée et dispendieuse. La Bourse pardonne les pertes pourvu que le nombre d’abonnés augmente. Puis vient le troisième temps, celui de la montée en gamme. Les séries se font de plus en plus nombreuses, chères et internationales. D’un coup, des histoires venues de Corée du Sud, de France ou d’Espagne deviennent des succès mondiaux.

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Le quatrième épisode introduit une rupture narrative. Le nombre d’abonnés fléchit et les bénéfices se font attendre. Coup de poker et rebondissement, la firme supprime en 2022 le partage des abonnements et augmente ses tarifs. Et cela marche. Vient alors le coup de grâce. Netflix, qui avait assuré ne pas vouloir embêter ses abonnés avec de la publicité, change d’avis et introduit des tarifs moins chers en échange de spots de pub. Il y trouve une source de revenus supplémentaire et atteint de nouvelles cibles de spectateurs.

Et pour enfoncer le clou, la firme enlève le dernier argument qui restait aux chaînes à l’ancienne, l’avantage du direct. Elle va diffuser en cette fin d’année des matchs de boxe, de catch et de football. Ce n’est qu’un début. La publicité va déferler et déserter un peu plus les vieux acteurs du secteur, jamais sortis de leurs frontières. Le casse du siècle par un inconnu total. Un succès d’audience assuré.

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