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A une lettre près, le changement pourrait sembler anodin : l’ASN, pour Autorité de sûreté nucléaire, devient jeudi 2 janvier l’ASNR, pour Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection. Mais ce nouveau nom cache en réalité une transformation majeure de la gouvernance de la sûreté en France : il acte le passage d’une organisation dite « duale », basée sur deux organismes autonomes – l’un chargé du contrôle et de la décision, l’autre de la recherche et de l’expertise –, à une organisation intégrée au sein d’une entité unique. Il entérine ainsi la disparition définitive de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et son absorption par l’ASN, dont il était jusqu’ici le « bras technique ».

« L’IRSN a fermé ses portes vendredi 20 décembre et ne les rouvrira plus. Le 2 janvier, à leur retour de congés, les salariés de l’IRSN seront devenus [pour l’essentiel] des salariés de l’ASNR », observe François Jeffroy, l’un des représentants de l’intersyndicale de l’IRSN, en évoquant un « sentiment d’immense gâchis ».

Pour le premier président de l’ASNR, Pierre-Marie Abadie, cette fusion est au contraire « un beau projet ». « Nous allons avoir une autorité plus forte, plus indépendante et avec davantage de compétences », assure ce grand connaisseur des questions énergétiques et industrielles. Nommé à la tête de l’ASN en novembre en remplacement de Bernard Doroszczuk, l’ancien directeur général de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) – qui devra se déporter des questions liées aux déchets nucléaires – a pour mission de mener la réforme à son terme en répondant aux préoccupations toujours fortes du personnel. « Le démarrage » de l’ASNR se fait « sous le signe de l’incertitude et de l’inquiétude », insiste l’intersyndicale de l’IRSN dans un communiqué du 17 décembre.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « En quatre semaines, le gouvernement détruit tout » : les salariés de l’IRSN mobilisés contre la réforme de la gouvernance du nucléaire

« Se tourner vers l’avenir »

De l’annonce surprise de cette fusion par l’exécutif en février 2023 à l’adoption d’une loi créant l’ASNR au printemps 2024, ce projet a suscité une contestation très vive d’une grande partie des salariés de l’IRSN mais aussi d’experts du secteur, de scientifiques et de responsables politiques de gauche et du centre. Présentée par le gouvernement comme nécessaire pour faire face à la relance de la filière nucléaire, cette réforme est vue par ses opposants comme injustifiée et risquant de mettre à mal une organisation ayant fait ses preuves. « Le sujet, c’est maintenant de se tourner vers l’avenir et d’élaborer notre stratégie pour 2026 », affirme Pierre-Marie Abadie.

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