« On m’a demandé de venir. Ça a dit : y a 5 000 euros donc j’ai dit oui vu que j’avais besoin de sous. C’était juste pour brûler une voiture. » Mis en examen début octobre, ce jeune Marseillais de 19 ans a reconnu avoir participé à une expédition punitive contre un surveillant du centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Le jeune homme et trois complices, une nuit de juin 2023, avaient quitté une cité des quartiers nord de Marseille et rempli un jerrican d’essence en chemin pour aller, du côté d’Aix-en-Provence, incendier le véhicule de l’agent, garé devant chez lui. « On devait juste lui mettre un coup de pression », a expliqué un autre membre de l’équipée, également interpellé en octobre.
Sur place, ils s’aperçoivent qu’ils n’ont pas de briquet, alors celui qui a l’arme en main tire à deux ou trois reprises sur le véhicule, croyant pouvoir déclencher un incendie. Leur manège réveille l’agent et son voisin. Ce dernier entend clairement un des hommes cagoulés lancer aux autres : « S’il sort, je tire ! » Sur la façade du domicile, les enquêteurs ont relevé des impacts, ce qui vaut aux trois membres du commando une mise en examen pour « tentative d’assassinat sur une personne dépositaire de l’autorité publique ».
Cette agression d’un agent pénitentiaire, commise à son domicile, n’est pas un cas isolé. Le 25 juillet, une surveillante, en poste également au centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, est suivie par un véhicule depuis la prison. Lorsqu’elle se gare devant chez elle, trois hommes cagoulés la frappent à coups de pied et de poing, tentent de s’emparer de son téléphone portable et lui dérobent les clés de sa voiture. Fin août, cinq personnes sont identifiées, dont deux détenus de Luynes en conflit avec la surveillante. Toutes sont mises en examen pour « association de malfaiteurs » et « vol en bande organisée accompagné ou suivi de violences ».
« Sujet majeur de préoccupation »
Les deux détenus, commanditaires supposés de ces violences ayant entraîné une interruption totale de travail de dix jours, appartiennent, selon un enquêteur, au narcobanditisme marseillais, l’un étant incarcéré pour assassinat, l’autre pour trafic de stupéfiants.
Plus récemment encore, le 7 octobre, à 4 heures du matin, des inconnus ont incendié la porte du domicile d’un surveillant des Baumettes, le centre pénitentiaire de Marseille. « Le milieu pénitentiaire est exposé à la puissance 10 à la violence du narcobanditisme, qui va crescendo et s’exprime désormais en dehors des lieux de détention », déplore un magistrat, pour lequel c’est « un sujet majeur de préoccupation ».
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