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DISNEY+ – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

En 1973, se souvient le compositeur John Williams (né en 1932), dans la préface du livre de Laurent Bouzereau, Steven Spielberg. Naissance d’un réalisateur légendaire (Huginn & Muninn, 2023), « Universal Studio avait organisé un déjeuner avec Steven Spielberg qui souhaitait qu[’il] écrive la musique de son nouveau film, Sugarland Express [1974]. »

« Au cours de notre conversation, il fit montre d’une étonnante maturité pour une personne d’un si jeune âge, ainsi que d’un amour et d’une connaissance encyclopédique de la musique de film », écrit Williams. Qui précise : « Au point de se souvenir de certains thèmes de mes premières œuvres que j’avais moi-même oubliées… »

Laurent Bouzereau (né en 1962), connu comme documentariste de Spielberg, dont il a réalisé le making of de certains films, revient sur cette rencontre essentielle dans Music by John Williams. Au long d’un récit richement nourri d’images d’archives et de témoignages (compositeurs, interprètes, cinéastes, acteurs), il fait le portrait de celui que l’on peut considérer comme le dernier des grands compositeurs « à l’ancienne » d’Hollywood.

Musicien protéiforme

A 92 ans, John Williams écrit en effet toujours au crayon sur du papier à musique − ce qui lui fait dire, avec un modeste et délicieux humour, qu’il est « sûrement plus lent que d’autres » qui utilisent des logiciels d’aide à la composition ainsi que des synthétiseurs. Williams n’a que très occasionnellement requis les sons synthétisés, notamment dans Munich (2005), de Spielberg.

En revanche, ce musicien protéiforme a continué l’usage du grand orchestre symphonique et, contrairement à la plupart des compositeurs de film − Ennio Morricone excepté −, il orchestre ses partitions lui-même en fournissant des indications très précises, que réalisent des collaborateurs. Ce point aurait mérité plus d’approfondissement.

John Williams, né dans une famille de musiciens (son père est batteur dans des orchestres de radio, puis de studio, à Hollywood), fait ses débuts comme pianiste et, bientôt, fait office d’arrangeur, de compositeur et de chef d’orchestre dans des formations de jazz et de musique populaire.

Engagé par Hollywood d’abord comme pianiste − sous le nom Johnny Williams −, il lui est bientôt demandé d’orchestrer des transitions musicales et de diriger les orchestres de studio. Il se fait parallèlement la main à la télévision, en composant pour une série de téléfilms qui alternent les genres les plus divers (western, comédie, drame, etc.). En 1958, John Williams signe sa première partition de film.

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En 1975, la musique des Dents de la mer, de Steven Spielberg, d’une économie rare, réinvente le langage du genre et vaut au compositeur le deuxième de ses cinq Oscars. En 1977, John Williams fournit une bande-son plus avant-gardiste pour Rencontres du troisième type, toujours de Spielberg. Selon le critique et essayiste Alex Ross, « toute la musique du XXe siècle est dans cette partition ».

Pièces de concert

En 1993, le musicien écrit à la fois pour Jurassic Park et pour La Liste de Schindler, deux partitions stylistiquement opposées. Il fournit aussi à Spielberg une merveilleuse musique jazzée pour Arrête-moi si tu peux (2002). Cinquante ans après leur rencontre, John Williams collabore toujours avec ce dernier (The Fabelmans, 2022).

Mais ce sont surtout les musiques des films et franchises pour le très grand public (Star Wars, Harry Potter, Superman, Indiana Jones…) qui le rendent célèbre dans le monde entier. Elles sont désormais jouées par les orchestres symphoniques classiques les plus prestigieux à Vienne, Berlin ou Boston. Ce dernier avait pourtant boudé John Williams lorsqu’il avait été nommé directeur des Boston Pops en 1980, épisode navrant que rappelle le documentaire…

Le titre de Music by John Williams indique clairement que son propos s’attache d’abord à la musique de cinéma, mais Laurent Bouzereau consacre une partie − trop réduite à notre goût − aux pièces de concert de John Williams. Ce catalogue, également fourni, contient notamment des œuvres concertantes écrites pour de très grands interprètes, comme la violoniste allemande Anne-Sophie Mutter ou le violoncelliste américain Yo-Yo Ma (qui interviennent au cours du documentaire).

Les amateurs de Star Wars et de Harry Potter pourront découvrir une musique très différente de celle qu’ils connaissent, souvent atonale, voire avant-gardiste, mais d’une très belle qualité d’inspiration, comme dans le récent Deuxième Concerto pour violon (2021).

Music by John Williams, documentaire de Laurent Bouzereau (EU, 2024, 105 min).

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