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Histoires Web dimanche, mars 16
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OCS – SAMEDI 15 MARS À 20 H 50 – FILM

C’est un film impossible : une reconstruction d’événements incertains, une leçon d’histoire à l’usage de notre temps et un thriller. Steven Spielberg avait voulu se servir du mélodrame pour dire le génocide des juifs dans La Liste de Schindler (1993). Il se fixe cette fois un but à la fois moins terrible − plutôt que d’essayer la représentation du mal, il ne s’agit que d’affronter le dilemme moral que pose aux démocraties la lutte contre le terrorisme − et plus insaisissable.

Nourri des souvenirs que le cinéaste a gardés de la prise d’otages et de l’assassinat des athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de 1972, Munich est un film qui avance en titubant sous le poids de l’histoire. Cette responsabilité que le cinéaste a prise est écrasante. La première victime de cette surcharge est la facilité pourtant si naturelle de Spielberg à faire du cinéma.

De l’intrusion drolatique du commando palestinien dans le village olympique au massacre final − Munich reprend la thèse selon laquelle les otages sont morts du fait des Palestiniens, alors que d’autres historiens estiment qu’ils sont plutôt morts sous les balles de la police allemande −, le cinéaste fractionne le drame et en fait la référence permanente de l’histoire qui se déroule.

Cinéma d’espionnage

Cette histoire est celle d’Avner (Eric Bana), garde du corps de la première ministre israélienne Golda Meir, propulsé chef d’un commando voué à l’élimination des responsables palestiniens de l’attentat. Autour de lui se constitue un groupe hétéroclite, où coexistent professionnels du renseignement et assassins improvisés.

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Mais Spielberg tord le cliché : ce n’est pas le hasard qui a précipité ces hommes ensemble, c’est leur condition de juifs, venus de pays différents et réunis dans la volonté de défendre Israël. Les préparatifs du premier assassinat d’un responsable palestinien, le poète Wael Zwaiter, sont décrits dans le style tendu propre au cinéma d’espionnage. Le meurtre lui-même n’est qu’un paroxysme sordide qui jette une première lumière sur la nature de la tâche confiée à Avner et à ses camarades. Le doute, non pas sur la légitimité du but (préserver la sécurité d’Israël) mais sur celle des moyens, mine peu à peu les esprits et le travail du commando.

Spielberg ne tourne pas pour autant le dos aux délices du cinéma d’action, et le film se disjoint entre des séquences plutôt amusantes et des moments plus théâtraux. Cette obstination à ne pas lâcher prise et la volonté de faire vivre des idées ne sont qu’épisodiquement soutenues par la faculté à mettre en scène les angoisses et les interrogations. Et il y a finalement plus de beauté dans la volonté du réalisateur que dans le geste qu’il a fini par accomplir.

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Munich, film de Steven Spielberg (EU, 2005, 150 min). Avec Eric Bana, Daniel Craig, Mathieu Kassovitz, Hanns Zischler, Marie-Josée Croze.

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