Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a enjoint aux préfets de mobiliser mercredi 10 septembre les forces de l’ordre placées sous leur autorité afin d’empêcher toute « tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la nation » lors du mouvement Bloquons tout.
Dans un télégramme daté de jeudi 4 septembre, le ministre de l’intérieur ajoute que « ces instructions sont également applicables à d’éventuelles tentatives de blocage d’établissements d’enseignement, notamment universitaires ou secondaires ».
« Aucune dégradation de bâtiments publics en général et emblématiques ne saurait être tolérée », écrit M. Retailleau, ajoutant que « les institutions de la République » et les « lieux de pouvoir » feront « l’objet d’une sécurisation statique » si nécessaire.
Apparu en mai dans un canal confidentiel sur Telegram, l’appel d’une journée de mobilisation le 10 septembre a fini par déclencher une effervescence sur les réseaux sociaux, nourrie par un rejet du plan d’économies de François Bayrou puis par le soutien de la gauche, bien que les modes d’action et le nombre de personnes mobilisées restent encore flous.
Le ministre demande aux préfets de « veiller à la pleine mobilisation des moyens humains et matériels nécessaires à la gestion de cette crise » par des rappels au service des policiers et gendarmes face à « des menaces diffuses mais réelles dans un contexte de morcellement et d’éparpillement sur le territoire ». Il souligne que la « mobilité » des forces de l’ordre « s’impose comme une absolue nécessité ». « Elle sera, ajoute-t-il, un marqueur fort de la réussite de la gestion de l’ordre public durant cette journée. »
« Cette consigne de bloquer tout, c’est stupide »
Lors d’un déplacement à Clermont-Ferrand vendredi, Bruno Retailleau a déclaré qu’il ne croyait pas à « des mouvements d’ampleur » mercredi : « Sur le 10, très clairement, on voit bien que le mouvement s’est gauchisé, M. Mélenchon tente de le récupérer, que c’est la mouvance d’extrême gauche, d’ultragauche, aidée par la CGT, qui va être à l’œuvre », a-t-il affirmé. « Je ne crois pas à des mouvements d’ampleur. En revanche, compte tenu de ces mouvances-là, de leur radicalité, il peut y avoir des actions spectaculaires », a-t-il poursuivi.
« Cette consigne de bloquer tout, c’est stupide, a-t-il par ailleurs estimé. Parce que, aujourd’hui, c’est pire que tout. Bloquer tout, c’est pire que tout. Le pays n’a pas besoin d’être bloqué. Il a, au contraire, besoin d’avancer. »
Les autorités s’attendent à des actions diverses sur tout le territoire, allant de blocages de gares, de raffineries, d’axes de circulation, à des opérations de sabotages de radars automatiques et des manifestations classiques.
Les services de renseignement soulignent la difficulté à anticiper ce que sera ce mouvement « horizontal ». « Chacun fait ce qu’il veut » dans un contexte de « grogne et de colère », notait mercredi une source sécuritaire. Si bien que les forces de l’ordre se préparent à toute éventualité.