Trois policiers seront jugés à Paris pour homicide involontaire, accusés d’avoir involontairement causé la mort du livreur Cédric Chouviat lors d’une interpellation tendue le 3 janvier 2020, a appris vendredi 3 janvier l’Agence France-Presse (AFP) de source proche du dossier.
Dans l’ordonnance de renvoi, révélée par Mediapart et consultée par l’AFP, les magistrats instructeurs ont conclu que les forces de l’ordre avaient eu un « comportement non adapté, négligent et imprudent » menant à l’asphyxie de ce père de famille, décédé à l’âge de 42 ans. Une quatrième policière, qui avait été placée sous le statut plus favorable de témoin assistée au cours de l’enquête, échappe à un procès.
Les faits remontent au 3 janvier 2020. Cédric Chouviat, livreur à scooter, est plaqué au sol à Paris, avec son casque de moto sur la tête, lors d’un contrôle policier, ce qui provoque un malaise. Hospitalisé dans un état critique, il est déclaré mort le 5 janvier.
Six mois après son décès, l’affaire était devenue emblématique des violences policières après des révélations issues de l’expertise judiciaire : lors de sa mise au sol et de son menottage par les policiers, Cédric Chouviat a dit neuf fois « j’étouffe » en treize secondes, avant de faire un malaise.
Ses supplications rappelaient la mort de George Floyd, un Américain noir étouffé en mai 2020 par un policier blanc à Minneapolis, drame qui avait déclenché une immense vague de manifestations aux Etats-Unis.
Le renvoi des trois fonctionnaires de police devant le tribunal correctionnel de Paris est « une étape importante pour la famille de Cédric » Chouviat, a estimé Arié Alimi, avocat de la famille. « Ça l’est également pour le traitement judiciaire des violences policières. L’audience sera le lieu et le temps de débats importants sur le fonctionnement de l’institution policière et de l’institution judiciaire », a-t-il avancé.
Mes William Bourdon et Vincent Brengarth, autres avocats de la famille, ont aussi salué une « étape cruciale » mais regretté « le choix de la qualification » d’homicide involontaire « qui dénature et occulte » le caractère « volontaire », selon eux, des violences.
De son côté, l’avocate Pauline Ragot, qui représente le chef de bord et un autre policier mis en cause, a déclaré à l’AFP avoir fait appel de l’ordonnance, rendue le 17 décembre.