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CHRONIQUE

Pour se lancer à la conquête de la planète, un pub de Camden n’est pas la base arrière qui vient immédiatement à l’esprit. Et pourtant : depuis sa mise en ligne sur Netflix le 11 avril, Mon petit renne, série londonienne dont l’antihéros tire de l’ale et de la bitter à la pression épisode après épisode, s’est classé en tête des séries de Netflix au Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi aux Etats-Unis, en Espagne, au Kenya, au Mexique et en France. Il n’y a que l’Extrême-Orient qui ait boudé ce drame autobiographique, dont le succès a surpris tout le monde, à commencer par son créateur et interprète, Richard Gadd. Soudainement hissé au rang de célébrité mondiale, il s’est aussi trouvé au centre d’une nouvelle édition enfiévrée du débat autour de la responsabilité des artistes vis-à-vis de leurs modèles.

Comique de scène par vocation, barman par nécessité, Richard Gadd s’est fait connaître en écrivant et interprétant deux spectacles, Monkey See, Monkey Do (2016) − qui évoquait son viol par une figure respectée de la scène britannique −, et Baby Reindeer (2019), récit de son harcèlement par une femme atteinte de troubles psychiatriques. Mon petit renne réunit ces deux traumatismes en un seul récit.

Une semaine après la mise en ligne des épisodes, alors que Mon petit renne était en passe de devenir un phénomène planétaire, Richard Gadd expliquait au quotidien britannique The Guardian que, pour être portée à l’écran, son histoire avait été « un peu manipulée afin de créer des paroxysmes dramatiques », avant d’ajouter : « Emotionnellement, c’est très vrai, bien sûr : j’ai été victime d’un harcèlement sévère et d’une agression grave. Mais je voulais que cette histoire existe dans le domaine de l’art, tout en protégeant les gens sur lesquels elle est basée. » Ce souci de marquer le territoire de la fiction se manifestant d’abord par le changement de nom du protagoniste, Richard Gadd devenant Donny Dunn à l’écran.

Plainte pour cyberharcèlement

Les précautions prises pour protéger les protagonistes n’ont pas suffi. Sur la Toile, des détectives amateurs ont fouillé la vie du comique pour y trouver l’identité de l’agresseur, nommé Darrien dans la série (et incarné par Tom Goodman-Hill), et de la harceleuse, Martha Scott (Jessica Gunning). A la fin d’avril le metteur en scène de théâtre Sean Foley annonçait qu’il portait plainte pour cyberharcèlement après avoir été mis en cause, à tort comme devait le confirmer Gadd sur Instagram.

Le 8 mai, Fiona Harvey, une quinquagénaire de formation juridique – comme Martha –, donnait une interview à Piers Morgan, animateur d’une émission britannique de télévision-tabloïd, dans laquelle elle affirmait être la harceleuse de Gadd tout en se défendant d’avoir enfreint la loi. Dans la série, Martha – et ne lisez pas ce qui suit si vous n’avez pas vu ladite série – est une récidiviste qui finit par être condamnée pour avoir attenté à la vie privée de Donny.

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