Le narcotrafiquant Mohamed Amra, arrêté samedi en Roumanie après neuf mois de cavale, a atterri en France à l’aéroport de Vélizy-Villacoublay (Yvelines), mardi 25 février, dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen, a fait savoir une source proche du dossier à l’Agence France-Presse. Il doit être, dans la foulée, présenté à des magistrats parisiens en vue de sa mise en examen et de son placement en détention provisoire. En parallèle, les autorités continuent d’interroger 22 suspects en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur son évasion.
Surnommé « la Mouche », Mohamed Amra a été escorté en fin d’après-midi mardi à l’aéroport de Bucarest par un convoi des forces spéciales de la police roumaine et a traversé le hall, un large sourire aux lèvres, les menottes au poignet. Le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie française, a pris le relais dans l’avion pour le ramener en France, selon l’Agence France-Presse (AFP).
Le multirécidiviste de 30 ans avait accepté dimanche son renvoi en France avant de contester en vain sa détention. « Comme il conteste sa culpabilité » et qu’il « est victime d’une erreur judiciaire », « nous avons fait appel pour qu’il soit libéré », avait déclaré mardi à l’AFP son avocate, Maria Marcu, avant son renvoi de Roumanie.
« Nous sommes tout à fait confiants dans l’idée que Mohamed Amra pourra être remis dans les jours prochains », avait assuré mardi matin la procureure de Paris, Laure Beccuau, sur Franceinfo. Sa remise aux autorités « se fera sous les conditions de sécurité les plus hautes, les plus renforcées », avait encore déclaré la procureure, tout en insistant sur l’importance du « secret » dans cette enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).
Opérations de chirurgie esthétique programmées
Mohamed Amra a été arrêté samedi en Roumanie, où il vivait avec de faux papiers depuis le 8 février, après avoir été installé par des complices dans un appartement de la banlieue de Bucarest, selon la police roumaine. Il attendait de subir des opérations de chirurgie esthétique avant de fuir en Colombie, selon les autorités roumaines. Il avait été détenu sous haute sécurité dans l’attente de son renvoi vers la France.
Son évasion datait du 14 mai 2024, lorsque le détenu avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être amené à un juge d’instruction qui devait l’interroger. Un commando en avait alors attaqué le convoi, tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois autres.
Trois jours après son arrestation, 22 personnes se trouvent toujours en garde à vue en France, a précisé Mme Beccuau mardi. Deux Français ont été arrêtés au Maroc et un autre homme en Espagne. « Un certain nombre de membres du commando pourraient se trouver au sein de ces gardes à vue », a estimé Mme Beccuau. Selon une source proche du dossier, deux nouvelles interpellations ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi.
Preuve du caractère hors norme de l’enquête sur l’évasion de Mohamme Amra : tout au long de sa cavale, « 100 à 150 » enquêteurs de la police judiciaire ont travaillé au quotidien sur ce dossier devenu symbole de l’emprise du narcotrafic en France, a rappelé lundi Christian Sainte, le patron de la police judiciaire.