De l’ambiance électrique de l’Adidas Arena à Paris, des supporteurs qui hurlaient son nom, des commandements de l’arbitre, Modibo Diakité n’a entendu qu’un vague bourdonnement, vendredi 14 février, quand, après trois rounds au centre de la salle polyvalente, il a battu son adversaire par décision unanime lors de son premier combat professionnel.
Né à Sèvres (Hauts-de-Seine) il y a vingt-deux ans, le jeune homme vient, ce soir d’hiver, de se faire un surnom : « Silent King ». Modibo est le premier combattant malentendant à entrer et à vaincre dans la cage d’un combat professionnel de MMA (arts martiaux mixtes). A l’aube de sa carrière, à tous ceux qui l’ont croisé et qui ont cru que son handicap était un frein à ses ambitions, « [il] montre qu[’il] peu[t] le faire », dit-il, poings serrés et sourire jovial. Mais le chemin a été long.
Le silence a lourdement pesé durant les premières années de l’enfance de Modibo. Fils d’un père manutentionnaire et d’une mère assistante maternelle, tous deux originaires du Mali, il est scolarisé à 3 ans dans une école maternelle de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine). Dans les salles de classe comme dans la cour de récréation, Modibo doit déjà livrer bataille pour s’affirmer. « Avec les entendants, c’était horrible, se souvient-il. Tout le monde me parlait, et moi, je ne comprenais rien. » Derrière les grilles de l’école, le garçon traverse plusieurs années d’isolement avant de rejoindre, en primaire, l’Institut Gustave-Baguer, à Asnières (Hauts-de-Seine), spécialisé dans la scolarisation des déficients auditifs.
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