Mode : Duran Lantink nommé directeur artistique de Jean Paul Gaultier

La saison de défilés automne-hiver 2025-2026, qui aura lieu en septembre et octobre, s’annonce encore un peu plus palpitante : le Néerlandais Duran Lantink a en effet été nommé directeur artistique de la marque Jean Paul Gaultier, le mardi 15 avril. Il rejoint la cohorte de nouveaux créateurs nommés à des postes importants ces dernières semaines : Jack McCollough et Lazaro Hernandez chez Loewe, Louise Trotter chez Bottega Veneta, Matthieu Blazy chez Chanel ou bien encore Demna chez Gucci. Jonathan Anderson, ex-Loewe, est quant à lui pressenti pour reprendre la direction artistique de Dior.

Fondée en 1976 par Jean Paul Gaultier, la marque de celui qui a longtemps été qualifié d’« enfant terrible de la mode » a donné le ton de l’allure parisienne des années 1980 et 1990 : anticonformiste, ouverte sur le monde, joyeuse et provocante, tout en maîtrisant l’art de la coupe, si cher à la mode française. Jean Paul Gaultier, l’un des créateurs français les plus populaires, a également contribué à faire rayonner la mode hexagonale à travers le monde. Depuis 2014, la marque s’était retirée du calendrier de prêt-à-porter pour se concentrer sur son activité de haute couture.

Le créateur avait lui-même rendu ses ciseaux et ses aiguilles lors d’un grand défilé d’adieu festif, au Théâtre du Châtelet, à Paris, en 2020. Depuis, ses collections de haute couture étaient imaginées chaque saison par un créateur invité à réinterpréter ses archives : Chitose Abe, fondatrice de la marque japonaise Sacai, fut la première à se prêter à l’exercice en 2021. Suivront Olivier Rousteing, de Balmain, Glenn Martens, de Y/Project, Julien Dossena, de Rabanne, Nicolas Di Felice, de Courrèges, ou bien encore Ludovic de Saint Sernin, dernier en date à avoir défilé sous pavillon Gaultier, en janvier.

Une approche expérimentale du vêtement

L’arrivée de Duran Lantink met fin à cette ère collaborative, le créateur de 38 ans enfilant toutes les casquettes, et marque le retour de la maison dans le calendrier du prêt-à-porter. Diplômé en mode et en textile à la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam, en 2013, puis d’un master au Sandberg Instituut, toujours à Amsterdam, en 2017, Duran Lantink a fondé sa marque en 2019. Celle-ci s’est vite démarquée grâce à son approche expérimentale du vêtement. Il joue en effet sur les volumes, n’hésitant pas à créer des protubérances sur les corps, malaxant les matières – le plus souvent recyclées –, accentuant les hanches des jupes ou des pantalons et mixant les imprimés et les motifs avec aisance. Le 2 avril, il a été récompensé du prestigieux prix Woolmark, créé en 1953 par la Woolmark Company, organisation australienne de promotion de la laine.

« Pour moi, Gaultier est la marque ultime, celle qui allie une vision de mode radicale à un savoir-faire unique. C’est aussi une maison qui bouscule sans cesse les codes. Elle dépasse les limites de la mode en y intégrant toutes les disciplines culturelles pour créer un perpétuel mouvement créatif. Jean Paul Gaultier redéfinit ainsi le langage du vêtement et la manière dont nous le portons dans la rue », explique le Néerlandais, dans le communiqué annonçant sa nomination. « Je retrouve en lui l’énergie, l’audace et l’envie de s’amuser à travers le vêtement, que j’avais moi-même à mes débuts : le nouvel enfant terrible de la mode. Bienvenue, Duran », répond quant à lui Jean Paul Gaultier.

Vendue en 2011 au groupe espagnol Puig – propriétaire de Rabanne, Nina Ricci, Byredo ou encore Dries Van Noten –, la marque Jean Paul Gaultier bénéficie de la bonne santé de ce dernier, portée notamment par son activité de parfums et cosmétiques. Le groupe catalan a en effet affiché une croissance à deux chiffres en 2024, son chiffre d’affaires atteignant 4,79 milliards d’euros, soit 11 % de plus qu’en 2023. La première collection de Duran Lantink pour Jean Paul Gaultier, en octobre 2025, à Paris, sera sans conteste l’un des temps forts de cette saison.