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Histoires Web mardi, mai 14
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MYCANAL – À LA DEMANDE – SÉRIE

Aux Etats-Unis, où la série a rencontré un joli succès critique, elle s’appelle Monsieur Spade. En France, on s’adressera au détective privé surgi du passé en disant « Mister Spade ». On aura compris que, au moment de cette résurrection inattendue, le héros du Faucon maltais, roman de Dashiell Hammett, publié en 1930, adapté au cinéma par John Huston, en 1941, avec Humphrey Bogart dans le rôle de Sam Spade, ne sait plus très bien où il habite. Cette confusion gagne le spectateur.

Géographiquement, il n’y a pas de problème. Sam Spade (Clive Owen) a dérivé jusqu’à Bozouls (Aveyron), où il arrive au milieu des années 1950, en compagnie d’une orpheline qu’il doit remettre à sa grand-mère paternelle (Caroline Silhol), qui n’en veut pas. En cherchant un asile pour l’enfant (qui se trouve être la fille de la perfide Brigid O’Shaughnessy, le personnage qu’incarnait Mary Astor dans Le Faucon maltais), Sam Spade fait la connaissance d’une vigneronne (Chiara Mastroianni) et du commandant de gendarmerie Patrice Michaud (Denis Ménochet).

Voilà pour le prologue. Huit ans plus tard, en pleine guerre d’Algérie, Sam Spade est devenu un citoyen modèle de Bozouls (même si son français laisse plus qu’à désirer), un gentleman-farmer, veuf, qui remplit son cabas au marché et prend son café sur la place. Clive Owen a étudié en détail le travail d’Humphrey Bogart dans le film de John Huston. Même s’il ne ressemble pas à son aîné, l’acteur britannique en adopte le débit et l’air désabusé, aidé par des dialogues qui pastichent le style hollywoodien des années 1940, bons mots débités en rafale.

Fausses pistes

L’idée est intrigante, de faire se rencontrer le film noir américain et les polars bien de chez nous des « trente glorieuses », Howard Hawks et Henri Verneuil. Hélas, Mister Spade n’est que cela, une idée, qui ne prend jamais corps et se perd dans un dédale de fausses pistes et de retours en arrière.

L’enfant que Sam Spade a amenée à Bozouls a grandi sous l’affectueuse tutelle d’une congrégation religieuse dirigée par une mère abbesse pittoresque. Mais voilà qu’un crime affreux est commis au couvent, forçant Sam Spade à chausser de nouveau ses souliers à semelle de caoutchouc. Le mal qui s’insinue dans la petite ville suppure des cicatrices qu’a laissées la seconde guerre mondiale et des blessures qu’inflige au temps présent la guerre d’Algérie, sans que jamais l’on croie à ces chimères surgies du passé.

D’autant moins si l’on est français. Du commandant de gendarmerie qui ne porte jamais l’uniforme et circule dans une voiture à gyrophare orange à la boîte de jazz tenue par une chanteuse anglophone (Louise Bourgoin) dans un village qui n’est même pas le chef-lieu de son canton, les incongruités s’égrènent comme pour lester l’incrédulité.

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