Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, et le procureur national adjoint de la direction antimafia italienne, Michele Prestipino, soulignent la nécessité d’une « forme de coopération stable, avec des échanges d’informations en continu » pour contrecarrer l’implantation mafieuse en France. Ils plaident aussi pour une réforme du statut de collaborateur de justice, aussi appelé « repenti », dans la loi française, condition nécessaire pour affaiblir, de l’intérieur, les groupes criminels.
L’enquête sur l’homicide du restaurateur Paul-Félix Paoli, en 2023 en Corse, a connu une accélération décisive grâce aux déclarations autoaccusatrices de Marco Raduano, un collaborateur de justice issu de la Mafia des Pouilles. Quels enseignements tirez-vous de cette affaire peu commune ?
Michele Prestipino : Ce résultat est très important. Il souligne l’absolue nécessité de la coopération judiciaire dans la lutte contre des organisations criminelles qui se jouent des frontières. D’une coopération sporadique entre la France et l’Italie il faut passer à une forme de coopération stable, avec des échanges d’informations en continu. Cette affaire rappelle aussi que les collaborateurs de justice sont indispensables. Eux seuls permettent de comprendre de l’intérieur comment fonctionnent ces organisations si cloisonnées. Ils montrent qu’avec eux on peut gagner des procès, mais, surtout, que l’on peut battre les mafias. Car quand une telle organisation subit des défections, elle s’affaiblit. Cette histoire est une première, mais j’espère qu’il y en aura d’autres.
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