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Histoires Web samedi, octobre 5
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Nous republions cet entretien avec Michel Blanc, réalisé en janvier 2018, à l’occasion de la mort de l’acteur, le 4 octobre 2024.

Je ne serais pas arrivé là si…

Si je n’étais pas tombé au bon moment au bon endroit, c’est-à-dire au café-théâtre. Autrement dit, si je n’avais pas été éliminé au premier tour du concours d’art dramatique de l’école de la rue Blanche. Ma chance a été de jouer avec la troupe du Splendid à l’époque où le café-théâtre venait de naître. Et d’avoir des parents qui cherchaient à ce que je sois heureux plutôt que d’être fiers de ma réussite sociale. Je n’étais pas mauvais au lycée, ils auraient pu me pousser à faire des études. Or, quand je leur ai annoncé, mon DEUG de lettres en poche, que je voulais arrêter, ma mère a seulement souligné que le métier que je choisissais était difficile. Mais elle n’a pas cherché à me dissuader.

Quand avez-vous compris que vous vouliez devenir comédien ?

Ma première rencontre avec le théâtre est très précoce. J’ai 6-7 ans, je suis à l’école communale, et l’institutrice a choisi pour le spectacle de fin d’année de monter une fausse corrida. Il y a donc un mec qui est choisi pour faire le toréador, un autre pour être le taureau… Et moi je me retrouve avec tous les autres pour jouer le public ! J’avais été extrêmement humilié, et j’étais rentré en disant : « Je veux devenir comédien pour être toréador ! » Mais ma première vraie rencontre artistique, ce n’est pas le théâtre : c’est la musique.

Quand et comment a lieu cette rencontre ?

J’ai grandi à Puteaux (Hauts-de-Seine), dans un milieu modeste. Mon père travaillait dans les services douaniers, ma mère était employée comme dactylo, et la musique classique n’entrait pas à la maison. Pas plus que chez mes grands-parents, qui m’ont beaucoup gardé petit pendant que mes parents travaillaient – mon grand-père était horloger, et je passais la journée du jeudi dans sa boutique.

La sœur de ma mère n’était pas non plus mélomane, mais elle travaillait chez Thomson-CSF. Grâce à ses prix de gros, elle avait pu s’offrir un tourne-disque stéréo et avait acheté trois disques de musique classique pour honorer ses nouvelles enceintes. Je les ai entendus une fois, et je suis tombé dedans. Quand j’allais chez ma tante, que j’adorais, je passais l’après-midi à écouter en boucle ces trois disques-là. J’en ai gardé un, sur lequel il y avait une sonate et un concerto de Mozart. Il a été acheté en 1961, il y a encore l’étiquette dessus : j’avais 9 ans.

Et après ?

Me voyant si motivé, ma mère m’a trouvé une professeure dans Puteaux. Mais elle était très vieille et pas sympa, et je préférais alors passer mes jeudis après-midi avec mes copains. J’avais donc menti en disant que, finalement, je n’aimais pas tant que ça le piano. C’est un mensonge qui m’a coûté cher.

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