Michel Barnier a été premier ministre, de septembre à décembre 2024, ministre des affaires étrangères (2004-2005), deux fois commissaire européen (1999-2004 et 2010-2014) et négociateur du Brexit (2016-2021). Il revient sur l’évolution de la relation transatlantique face au rapprochement de Donald Trump avec la Russie.
Les images du bureau Ovale, où a eu lieu, vendredi 28 février, la spectaculaire altercation entre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, d’un côté, Donald Trump et son vice-président, J. D. Vance, de l’autre, ont sidéré. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est un moment de bascule, que je mets en parallèle avec l’agression de l’Ukraine par Poutine en 2022. MM. Trump et Vance ont cherché à humilier le président ukrainien. Ce n’est pas digne de la part du président des Etats-Unis et, surtout, ce n’est pas conforme à ses intérêts stratégiques. Pierre Mendès France disait qu’il ne fallait jamais sacrifier l’avenir au présent. Je pense que M. Trump, sur beaucoup de sujets, est en train de sacrifier l’avenir au présent. Je suis d’ailleurs frappé qu’il puisse dérouler, à coups de décrets signés solitairement et de déclarations tonitruantes, cette politique de rupture qui touche aussi l’économie et la société américaines, sans susciter davantage de réactions ou de contrepoids parlementaires aux Etats-Unis. De notre côté, nous devons garder notre calme, notre sang-froid et notre unité.
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