Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné, mercredi 9 avril, à huit mois de prison avec sursis un internaute de 76 ans pour « outrage et provocation au meurtre » pour un message en ligne contre la présidente du tribunal au procès du Rassemblement national (RN) et de Marine Le Pen.
Gérard B., retraité de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), avait publié au lendemain du jugement un message sur son compte X avec une photo de guillotine accompagnée de la légende « Ce que mérite cette salope ». Il a également été condamné à verser une amende de 3 000 euros.
En chemise à carreaux et doudoune sans manches, le sympathisant d’extrême droite, un pied-noir né en 1948 en Algérie française et arrivé à l’âge de 14 ans en France hexagonale, a laborieusement essayé à l’audience de convaincre que son message ne constituait pas une menace envers la magistrate Bénédicte de Perthuis.
La photo de la guillotine, « pour moi c’était un symbole de la justice et je voulais dire que certains magistrats peut-être mériteraient d’être jugés », s’est défendu cet ancien directeur d’entreprise informatique, au ton maniéré contrastant avec la virulence vulgaire de son activité en ligne.
Devant les enquêteurs, le mis en cause a mis le message sur le compte de la « colère » et soutenu qu’on peut « tout dire » sur les réseaux sociaux. « Si mon copain Jacques est une salope, je ne peux pas lui dire en face », a-t-il élaboré devant des juges sceptiques.
« Une perche tendue à des gens violents »
Le tribunal a suivi sur la peine de prison les réquisitions du parquet à l’encontre du mis en cause, au casier judiciaire vierge, mais a alourdi l’amende à son encontre. « En France, il y a des gens qui se sont fait trancher la tête, qui se sont fait décapiter. Derrière son téléphone chez soi, bien au chaud, certes on ne prend pas de risque, mais c’est une perche tendue à des gens violents ou qui auraient des problèmes mentaux », a estimé le procureur dans son réquisitoire.
« On n’est pas face à un compte suivi par des milliers de followers (…). La portée de ses propos est quasiment nulle », a relativisé l’avocate de la défense. Au moment du procès, le message litigieux ne comptait que 200 vues.
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Le 31 mars, Marine Le Pen, cheffe de file de l’extrême droite, a été condamnée à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique, et à une amende de 100 000 euros, ainsi qu’à une inéligibilité immédiate de cinq ans qui compromet sa candidature à la présidentielle de 2027. Au total, 24 personnes ont été condamnées dans ce dossier, en plus du parti RN.
Depuis le délibéré, les magistrats ayant rendu la décision, notamment la présidente de la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, sont la cible de menaces très virulentes ayant mené au placement sous protection policière de cette dernière.