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L’élection présidentielle de novembre est un moment crucial dans l’histoire des Etats-Unis. Le monde entier, à l’exception des autocrates, a respiré, lorsque Joe Biden a annoncé, le 21 juillet, qu’il renonçait à briguer un second mandat et a adoubé sa vice-présidente, Kamala Harris. Le Parti démocrate n’a pas cédé à ses vieux démons et s’est, immédiatement et avec enthousiasme, rangé derrière la candidate Harris.

Pourtant, quel que soit le résultat des élections, le grand enjeu caché est la capture, totale depuis 2020, de la Cour suprême par la droite radicale. Six des neuf juges qui la composent sont de purs produits de la Federalist Society [bras armé de la droite conservatrice, qui préconise une interprétation originaliste de la Constitution des Etats-Unis], et même si Harris remporte l’élection et si le Parti démocrate obtient la majorité à la Chambre des représentants (ce qui est possible) et au Sénat (ce qui sera très difficile), la dérive à droite de la Cour suprême promet de se poursuivre. Que ce soit pour renforcer les pouvoirs de la présidence, défendre les intérêts du Parti républicain (en passe de devenir minoritaire) ou encore démanteler certaines législations sur le droit de vote ou l’avortement (mais pas sur le port des armes) ou attaquer les acquis politiques et socio-économiques des quatre-vingts dernières années.

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La Federalist Society, créée en 1982 pour lutter contre la « dérive progressiste des juridictions fédérales et de la Cour suprême » (selon les conservateurs), est parvenue à ses fins. Alors que les Cours d’Earl Warren, président de 1953 à 1969 et de son successeur Warren Burger, de 1969 à 1983, ont, entre autres, ordonné la déségrégation en 1954 et reconnu un droit fédéral à l’avortement en 1973, la Cour suprême d’aujourd’hui s’est attaquée au processus politique.

Tropisme « proprésident »

Elle a commencé à démanteler l’Etat administratif et l’Etat-providence, et semble déterminée à s’opposer à toute mesure progressiste. Elle a dérégulé les financements électoraux, ce qui a conféré un poids disproportionné aux milliardaires libertariens qui noient les campagnes sous les millions de dollars de leurs Super PAC, ces « comités d’action politique spéciaux » qui permettent de collecter et de dépenser des sommes illimitées. Elle a aussi invalidé les dispositifs antidiscrimination de la loi sur le droit de vote, avant de revenir sur le droit constitutionnel à l’avortement en 2022 et de priver les agences de leur pouvoir réglementaire en 2024.

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