Dans le cyclisme moderne, Milan-San Remo est une anomalie. La classique de printemps italienne est en effet l’une des rares épreuves de prestige qui résiste encore à la gloutonnerie de Tadej Pogacar. Depuis le début de sa carrière, le champion du monde en titre n’a pas trouvé sur ce long parcours (289 kilomètres) la recette lui permettant d’éliminer un à un tous ses adversaires. Cela s’est à nouveau vérifié, samedi 22 mars. Après avoir résisté aux multiples attaques de Pogacar, le Néerlandais Mathieu van der Poel a franchi la ligne d’arrivée devant le Slovène, en vainqueur. L’Italien Filippo Gana, qui a réussi à rejoindre les deux stars du peloton dans les derniers hectomètres, s’est offert la 2e place en devançant Pogacar au sprint.
Conscient que la partie finale de ce « monument » du cyclisme n’est pas assez sélective pour lui, Pogacar a cette fois décidé de passer à l’offensive à 25 kilomètres de l’arrivée, dans l’avant-dernière ascension, la Cipressa. Malgré la violence de l’attaque du Slovène, Mathieu van der Poel et Filippo Ganna ont réussi à rester dans son sillage. A cet instant de la course, le Français Romain Grégoire était également au contact des hommes de têtes. Mais le rythme infernal imposé par le leader de l’équipe UAE a fini par faire craquer le coureur tricolore.
Dès les premiers mètres de la dernière côte du jour, le Poggio, Pogacar plantait une nouvelle banderille, qui, elle non plus, n’avait aucun effet sur la résistance de Mathieu van der Poel. Le Néerlandais, déjà vainqueur sur ces routes en 2023, se permettait même, à 6 kilomètres de l’arrivée, de passer à son tour à l’offensive, montrant ainsi au Slovène qu’il faudrait compter avec lui jusqu’au bout.
En fin de course, Filippo Ganna a profité d’une courte période d’observation entre Van der Poel et Pogacar pour s’inviter dans le sprint final. Dans cet exercice, le Néerlandais sait faire preuve d’une puissance redoutable. Sa sèche accélération à quelques centaines de mètres du but lui a permis de franchir la ligne en vainqueur, la tête entre les mains.
Il s’agit de la septième victoire de Van der Poel lors d’un « monument » : le petit-fils de Raymond Poulidor, 30 ans, compte désormais a son palmarès deux Paris-Roubais (2023, 2024), trois Tours des Flandres (2020, 2022, 2024) et donc deux Milan-San Remo (2023, 2025).
2 256 euros pour la vainqueure de Sanremo women
Les femmes, et c’était une première depuis 2005, étaient également invitées à se mesurer sur un parcours de 156 kilomètres empruntant les routes les plus sélectives du tracé traditionnel de Milan-San Remo. La Néerlandaise Lorena Wiebes l’a emporté en battant au sprint toutes les principales favorites, réunies dans un même groupe après une belle explication dans les derniers kilomètres.
La sprinteuse de l’équipe SD Worx, bien emmenée par sa coéquipière et double championne du monde Lotte Kopecky, a devancé sa compatriote Marianne Vos et la Suissesse Noemi Ruegg. La Française Pauline Ferrand-Prévot s’est classée 4e.
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Mais ce Sanremo women, organisé comme l’édition masculine par le groupe italien RCS, a aussi été marqué par une polémique liée au « prize money » offert à la vainqueure. D’un montant de 2 256 euros, il était près de dix fois inférieur à celui revenant au gagnant de la course des hommes (20 000 euros).
« Nous ne recevons, et c’est très décevant, que 11 % de ce que reçoivent les hommes. C’est un écart important. Aucune d’entre nous ne fait du cyclisme pour l’argent, mais, quand on parle d’égalité des chances, c’est pour vraiment l’obtenir. Cela vaut aussi pour les petites choses, comme les prix. Tout cela montre que nous ne sommes pas encore au bout de nos peines », a déclaré la Néerlandaise Demi Vollering, l’une des têtes d’affiche du cyclisme féminin, avant le départ.