Pour observer le désarroi de la droite allemande face à la volte-face américaine vis-à-vis de l’Europe, le groupe de presse conservateur allemand Axel Springer est un point d’observation sans équivalent. L’éditeur du très influent tabloïd Bild, premier quotidien allemand, de Die Welt et de Politico compte le lien transatlantique parmi ses principes fondateurs. Mais, depuis quelques jours, rien ne va plus au sein du groupe allemand.
Son patron, Mathias Döpfner, qui ne cachait pas ses sympathies pour le vice-président américain, J. D. Vance, et pour le mouvement MAGA (Make American Great Again), vu comme une force radicale libérale conservatrice dont l’Allemagne devrait s’inspirer, est désormais forcé de marquer ses distances face aux « lignes rouges » franchies par Donald Trump : ses atteintes à l’Etat de droit, sa guerre commerciale avec l’Europe, et son rapprochement avec la Russie, au détriment de l’Ukraine.
Mathias Döpfner, 62 ans, depuis 2002 à la tête d’Axel Springer, a reconnu, le 3 mars, s’être trompé sur Donald Trump. « Ces dernières semaines, de nombreux transatlantiques – moi y compris – voulaient encore espérer que, derrière les discours et les posts provocateurs, il y avait un concept constructif. Cet espoir a été détruit. Trump pense ce qu’il dit. Et cela n’a plus rien à voir avec l’Amérique qui s’est tenue pendant des décennies aux côtés de l’Europe en s’appuyant sur l’Etat de droit », explique-t-il dans une tribune à Die Welt, enterrant sa position donnée quelques jours plus tôt au Financial Times, où il affirmait qu’il fallait « prendre Donald Trump au sérieux, mais pas au pied de la lettre ».
Il vous reste 73.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.