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Un recadrage après un tollé politique. La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a désavoué vendredi 28 juin le député sortant Roger Chudeau après ses propos de la veille ciblant la binationalité de l’ancienne ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem.

Sur BFM-TV, Roger Chudeau avait affirmé jeudi qu’un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational car cela posait un « problème de double loyauté », prenant l’exemple de l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem dont la nomination fut, selon lui, « une erreur ».

La nomination de Mme Vallaud-Belkacem à l’éducation (2014-2017), « je pense que c’était une erreur, et pas une bonne chose pour la République », avait insisté M. Chudeau, pour qui « les postes ministériels doivent être détenus par des franco-français, point final ».

Alors que ces déclarations ont suscité une vive réprobation à gauche et au sein de la coalition présidentielle, Marine Le Pen a pris ses distances dans la matinée au micro d’Europe 1 et de Cnews. « Je suis un peu estomaquée que notre collègue Chudeau (…) puisse exprimer un avis qui lui est personnel mais qui est totalement contraire, en réalité, au projet du Rassemblement national », a-t-elle réagi.

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« Nous avons pu, par le passé, envisager cette solution [interdire la binationalité] et j’y ai renoncé il y a plusieurs années (…) car je me suis rendu compte que les binationaux ressentaient comme une forme de suspicion de déloyauté à l’égard de la France (…). Je trouvais cela injuste à leur égard », s’est défendue l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.

Les élus « pas concernés » par l’exclusion des binationaux

En janvier, le parti d’extrême droite avait déposé une proposition de loi constitutionnelle afin d’« interdire l’accès à des emplois des administrations, des entreprises publiques et des personnes morales chargées d’une mission de service public aux personnes qui possèdent la nationalité d’un autre Etat ». Concernant le souhait du RN d’exclure les binationaux des « postes extrêmement sensibles » comme « dans le renseignement », Marine Le Pen parle d’une trentaine de postes concernés « et ça ne concerne pas les élus ». La veille, Sébastien Chenu, vice-président du parti, parlait d’une cinquantaine.

Le RN, donné favori des élections législatives de dimanche, a fait part en début de semaine de son souhait d’« empêcher » les personnes avec une double nationalité d’occuper « des emplois extrêmement sensibles » dont la liste sera définie « par décret ». Le patron du RN, Jordan Bardella, a pris l’exemple d’un patron de centrale nucléaire et le député Sébastien Chenu a évoqué des secteurs « notamment liés à la sécurité et à la défense ».

« Ce qui s’applique à un haut fonctionnaire doit s’appliquer évidemment à un ministre, c’est assez logique », a pourtant estimé M. Chudeau jeudi sur BFM-TV, avant de faire savoir sur le réseau social X que sa position sur Mme Vallaud-Belkacem était « un avis strictement personnel, et n’engage nullement le RN ».

« Grossier mensonge, grossier menteur »

Cette sortie a suscité plusieurs réactions indignées, dont celle du député PS Boris Vallaud, époux de Mme Vallaud-Belkacem, qui a évoqué un « grossier mensonge. Grossier menteur ». « Elle est le meilleur de la République et vous en êtes la honte », a-t-il poursuivi. Quant à la patronne des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, elle a épinglé « toute la logique excluante et raciste du RN » qui « différencie les Français entre eux en fonction de leur origine, de leur lieu de naissance ».

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« Nous devons combattre avec force et on doit s’indigner de ces choses-là », a réagi le président de la République, Emmanuel Macron, depuis Bruxelles où il assistait à un sommet européen. Le chef de l’Etat a pris la défense de « Najat Vallaud-Belkacem, de tous les ministres et de tous les parlementaires, mais [aussi] de toutes les femmes et des hommes qui, dans notre pays, sont Français et ont une autre nationalité » en raison de « leur histoire familiale », « l’histoire de leur vie », « l’exil », « les choix d’amour ou de vie professionnelle ».

La présidente sortante de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a pour sa part estimé que « le vrai visage du RN est toujours là : un racisme décomplexé, un tri entre les Français ».

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Le Monde avec AFP

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