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Histoires Web mercredi, octobre 9
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En 1974 naissait à Paris le cinéma 14-Juillet-Bastille, première pierre de ce qui allait devenir, sous le sigle MK2, le principal circuit cinématographique indépendant français, joignant la production, la distribution et l’exploitation. Jean-Luc Godard, Yilmaz Güney, Claude Chabrol, Krzysztof Kieslowski, Abbas Kiarostami, Gus Van Sant doivent à cette structure quelque chose de leur carrière. A l’occasion du jubilé de cette exceptionnelle aventure artistique et entrepreneuriale, des hommages célèbrent son créateur, Marin Karmitz, enfant juif né en 1938 à Bucarest, promis aux fours crématoires et débarquant miraculeusement à Nice, dix ans plus tard.

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Une biographie d’Antoine de Baecque, Marin Karmitz. Une autre histoire du cinéma, (Flammarion, 464 p., 24 €)), une sélection de quinze films produits par MK2 à la Cinémathèque française (jusqu’au 12 octobre), deux expositions au Festival Lumière à Lyon, et un film documentaire que lui consacre Romain Goupil (Souviens toi du futur !, le 23 octobre). A 86 ans, retiré des affaires et aux soins d’une collection exceptionnelle de photographies, Marin Karmitz conserve un regard vif sur le monde.

On célèbre cette année le 50e anniversaire de la création du groupe MK2. Entre la joie de l’avoir créé et la tristesse de l’avoir quitté, voici déjà vingt ans, quel sentiment vous anime-t-il aujourd’hui ?

D’abord, je dois vous dire que je n’aime pas du tout les anniversaires. C’est une approche vers le passé plutôt que vers l’avenir, et ça m’a toujours beaucoup dérangé. Ces événements marquent plutôt une succession de hasards et de propositions qui m’ont été faites. Moi, aujourd’hui, je ne peux parler que du passé de MK2, ce serait à mes fils de parler du futur de l’entreprise.

Votre fils aîné a pris votre suite en 2005. Est-ce à cette époque que vous avez quitté le navire ?

Pas tout à fait. Il est vrai que j’ai commencé à penser à la transmission il y a très longtemps. Je suis devenu président du conseil de surveillance, mais j’avoue que j’ai mis du temps à quitter le bureau. Je me suis trouvé un intermède en 2009, lorsque j’ai accepté la mission que m’a confiée Nicolas Sarkozy d’animer le Conseil de la création artistique. En dehors de mon intérêt ancien pour la politique culturelle, une des raisons d’accepter ce boulot qui ne m’a pas valu que des compliments, je peux le dire aujourd’hui, c’était d’avoir un autre boulot et de ne pas rester chez MK2 ! Et puis, parallèlement, j’ai commencé à organiser des expositions, notamment de photographies. In fine, tout cela m’a aidé à surmonter mon angoisse et à me déprendre peu à peu.

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